Portrait Thierry Suc

 

 

Thierry Suc est producteur de spectacles. Depuis de nombreuses années, il accompagne et produit des artistes : Mylène Farmer, Zazie, Calogero, Florence Foresti, Eric Antoine et bien d’autres. Il a aussi produit le Soldat Rose puis Résiste. Son dernier spectacle en date « Fashion Freak Show » de Jean-Paul Gaultier aux Folies Bergères à Paris. J’ai adoré ce show où l’énergie est puissante. Il y a de la folie, de l’humour, de la sensualité, des défilés de mode incroyables et beaucoup d’émotion. Le tout saupoudré de visuels drôles, de chorégraphies colorées et d’une playlist musicale qui me rappelle toute ma jeunesse.

 

Pour découvrir le travail de Thierry et les différents artistes qu’il produit :

http://www.tsprod.com

 

 

J’ai rencontré Thierry, il y a plus de vingt ans, je travaillais à NRJ. À l’époque, je m’occupais également de mon association Vivre et Grandir. C’est en sollicitant Mylène Farmer, que nos routes se sont croisées. Tous les deux m’ont accompagnée  – au rythme d’une visite par an et ce pendant plusieurs années – dans les services pédiatriques afin d’illuminer le visage des enfants malades et de leurs familles. Mylène est devenue notre marraine de cœur et Thierry un membre d’honneur fidèle. Je n’oublierai jamais leur générosité, leur simplicité et leur gentillesse. Nous avons partagé des moments intenses. Je les remercie tous les deux de nous avoir tant donné.

 

Thierry est mon invité des « Rencontres féeriques ». Chaque jour de la semaine,  découvrez une partie de son interview. Je suis très heureuse de l’avoir revu et d’avoir échangé avec lui sur des thèmes spirituels.

 

 

Accompagner un artiste, c’est prendre des risques. Vous osez sortir de votre zone de confort et ça vous l’avez toujours fait finalement ?

C’est ça. Ça a toujours fait partie de moi. J’ai besoin de cette adrénaline-là, c’est un moteur. Si je vais à Las Vegas, je ne vais pas jouer au casino car ma vie est un casino permanent. C’est tous les jours noir, rouge à la roulette pair, impair.

 

Est-ce que c’est aussi un moyen d’être à l’écoute de son âme d’enfant ?

Pour faire le métier que je fais – vous verriez un de mes confrères peut-être vous répondrait-il autre chose – le jour où l’on perd ce regard d’enfant, il faut changer de métier. Il faut l’arrêter. Je me suis souvent posé la question, « à quel moment je vais arrêter ? »,je commence à être bientôt près du moment où il faudra que j’arrête. Je pense que justement à un moment donné on perd son âme d’enfant. Si on devient professionnel, c’est terminé. J’essaie toujours de ne pas être un professionnel. Ce n’est pas facile mais j’essaie de rester émerveillé tous les jours, de recevoir une émotion.

 

Est-ce une façon de se poser dans l’instant présent même si le métier de producteur demande d’anticiper aussi ?

Vous avez exactement répondu à la question. C’est le métier le plus difficile pour cela. On passe son temps à vivre dans demain voire après-demain. C’est très difficile d’être dans l’instant présent alors que tout nous emmène toute la journée avec nos agendas à prévoir la suite. En ce moment je prépare 2021. Mon agenda est fait sur 6 mois, je connais toutes mes soirées pour les 6 mois qui viennent. C’est très difficile d’être dans le moment présent mais c’est un travail que j’essaie de faire.

 

Mais quand vous assistez à l’un de vos spectacles, c’est peut-être ce moment qui vous reconnecte à l’instant présent ?

Oui grâce à l’émotion du public. Chaque soir est différent. On m’a demandé, dans les années passées, si je n’avais pas envie de produire des films et je n’en ai aucune envie. J’adore aller au cinéma. Produire c’est quelque chose qui déconnecte. Le cinéma c’est plat, c’est un écran et les producteurs du film peuvent éventuellement se mettre au fond de la salle et regarder les gens. En général, ils le font très peu. Alors que nous, on est au cœur de l’émotion, du rire, des larmes ou de la joie. On est au cœur de l’émotion des autres et on la reçoit. C’est très fort.

 

C’est pour ça qu’on l’appelle le spectacle vivant.

Exactement.

 

Comment faites-vous pour choisir le spectacle que vous allez produire ? C’est uniquement basé sur l’humain ? Un coup de cœur artistique ?

Pendant de très nombreuses années, il fallait que je me fasse connaître donc j’étais celui qui allait chercher des artistes. Le privilège de l’âge et des années fait qu’aujourd’hui ce sont les artistes qui viennent et je les laisse venir à moi. Il y a un peu de rencontres humaines, un peu d’admiration. Ça commence par l’admiration de l’artiste.

 

Vous pouvez refuser de produire certains ?

Oui, je refuse tous les ans. J’ai déjà arrêté des contrats avec des artistes qui marchaient très fort car la rencontre humaine n’était pas là.

J’ai une formule que j’emploie souvent : «  la porte est ouverte pour rentrer chez moi, elle est ouverte pour sortir ». Cette formule libère, ceux qui ne sont pas contents peuvent partir et ceux qui veulent rentrer le peuvent aussi.

 

Quand on travaille avec des artistes de renom, comment parvient-on à gérer les egos ? Il y a également les egos des équipes techniques… vous managez de grosses équipes, ça ne doit pas être évident ?

Avec les artistes, ça se fait naturellement car j’ai une personnalité qui s’adapte – je parlais du caméléon précédemment – je n’ai aucun problème, je n’ai aucun artiste qui m’ennuie par son ego ou qui me dérange. Je ne serais dans ce cas-là pas resté avec. Je n’ai pas trop de problèmes avec les équipes techniques. Récemment j’ai dû licencier un éclairagiste quelques jours avant une première et j’en ai engagé un autre en urgence. J’aurais aimé que la personne me dise qu’elle comprenait mais elle n’a pas compris. Son ego était trop grand pour accepter de comprendre que ce qu’elle me proposait m’emmenait dans le mur et il fallait que je réagisse vite. Les egos se gèrent. Si on n’est pas en demande de l’autre, je pense que l’on n’a pas de problèmes avec ça. C’est un respect mutuel en tant que personne.

 

Vous êtes à l’écoute de l’hypersensibilité des artistes. Est-ce une manière de partager ?

Oui.

 

Quel sens lui donnez-vous ?

Il faut une vraie relation d’écoute, d’échange, de respect.

 

 

Découvrez la suite demain…

 

 

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Thierry Suc 1/5

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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