Portrait Thierry Suc

 

 

Thierry Suc est producteur de spectacles. Depuis de nombreuses années, il accompagne et produit des artistes : Mylène Farmer, Zazie, Calogero, Florence Foresti, Eric Antoine et bien d’autres. Il a aussi produit le Soldat Rose puis Résiste. Son dernier spectacle en date « Fashion Freak Show » de Jean-Paul Gaultier aux Folies Bergères à Paris. J’ai adoré ce show où l’énergie est puissante. Il y a de la folie, de l’humour, de la sensualité, des défilés de mode incroyables et beaucoup d’émotion. Le tout saupoudré de visuels drôles, de chorégraphies colorées et d’une playlist musicale qui me rappelle toute ma jeunesse.

 

Pour découvrir le travail de Thierry et les différents artistes qu’il produit :

http://www.tsprod.com

 

 

J’ai rencontré Thierry, il y a plus de vingt ans, je travaillais à NRJ. À l’époque, je m’occupais également de mon association Vivre et Grandir. C’est en sollicitant Mylène Farmer, que nos routes se sont croisées. Tous les deux m’ont accompagnée  – au rythme d’une visite par an et ce pendant plusieurs années – dans les services pédiatriques afin d’illuminer le visage des enfants malades et de leurs familles. Mylène est devenue notre marraine de cœur et Thierry un membre d’honneur fidèle. Je n’oublierai jamais leur générosité, leur simplicité et leur gentillesse. Nous avons partagé des moments intenses. Je les remercie tous les deux de nous avoir tant donné.

 

Thierry est mon invité des « Rencontres féeriques ». Chaque jour de la semaine,  découvrez une partie de son interview. Je suis très heureuse de l’avoir revu et d’avoir échangé avec lui sur des thèmes spirituels.

 

 

Quand on découvre votre parcours, je dirais qu’il y a eu des petits signes qui ont été placés sur votre chemin. Croyez-vous aux signes de la vie ?

Je crois beaucoup aux signes de la vie. Tout n’est pas rose, la vie m’a envoyé deux épreuves professionnelles en 1987 et en 1997. J’ai eu deux dépôts de bilan, je me suis retrouvé avec plus un centime pour vivre, plus rien, plus d’appartement. J’avais tout perdu. Je sais aussi ce que c’est de retomber mais ça m’a fait du bien. C’était là pour m’ouvrir les yeux, me faire prendre conscience des choses et me faire redémarrer différemment. Si c’était à refaire, ça serait très bien que ces épreuves arrivent encore car elles ont été salvatrices et formatrices. Il m’est arrivé de décider intellectuellement que je voulais un artiste que j’adorais et ça ne venait pas à moi, je forçais un peu les choses, c’était toujours mauvais pour moi. C’est pour ça qu’aujourd’hui ça peut paraître très étrange, je laisse venir ceux qui veulent venir et je ne vais plus vraiment chercher d’artistes. Ce n’est pas du tout une position snob, hautaine ou arrogante, en aucun cas, mais c’est plutôt « ce qui doit se faire se fera. »

 

C’est du lâcher-prise finalement.

C’est du lâcher-prise, ça pourrait paraître très prétentieux et on pourrait se dire qu’il ne fait plus rien.

 

Le lâcher-prise ce n’est pas ça.

Je laisse venir à moi. Parfois j’envoie le signal quand même et puis l’artiste a besoin de se sentir courtisé. Ça s’arrêtera là. Un message suffit. Si la personne veut venir, elle viendra sinon ce n’est pas pour moi.

 

C’est ça le lâcher-prise.

J’ai mis du temps, je n’étais pas comme ça à 25 ans.

 

C’est comme se poser dans l’instant présent, c’est une hygiène de vie quotidienne.

Et puis c’est un chemin.

 

On a notre mental qui reprend le dessus, on est confronté à des turbulences extérieures. Ce que vous disiez concernant les épreuves est intéressant car vous le vivez comme un enseignement. Je dis toujours qu’il y a un cadeau derrière les épreuves et c’est aussi un moyen d’affronter la vie et de l’accueillir. De toute façon, on ne peut pas lutter contre.

C’est ce qu’il faut comprendre. Que l’on soit riche, pauvre, grand, petit, c’est comme ça.

 

En lâchant, la vie nous met sur le chemin les bonnes personnes, les bonnes opportunités toujours à travers ces petits signes.

 

Pour moi, certains d’entre eux sont envoyés par nos défunts. Croyez-vous à la vie après la vie ?

Je n’en sais rien. Bien évidemment, plus on avance en âge, plus on s’interroge. J’y pense tous les jours à la mort, elle est permanente.

 

Ah bon. Qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

Je suis tétanisé par la maladie et très inquiet par rapport à cela, à celle des autres autour de moi et à la mienne.

 

Vous êtes un peu hypocondriaque ?

L’hypocondriaque va tout le temps faire des tests pour vérifier s’il a quelque chose. Moi je préfère faire l’autruche et ne pas savoir. Ce n’est pas mieux mais c’est la peur du résultat qui est toujours très présente. J’ai beaucoup travaillé là-dessus mais c’est difficile. La mort en tant que telle je m’en fiche. Si je meurs ce soir, j’aurais eu une belle vie. Je ne suis pas triste de la mort de Charles Aznavour. Je me dis qu’il avait 94 ans, qu’il n’était jamais malade. Il était sur scène à Tokyo il y a quelques jours, il était à la télé il y a une semaine*. Je ne peux pas être triste, je ne peux que remercier pour lui d’avoir vécu en bonne santé et jusqu’à cet âge-là. 94 ans c’est un cadeau car il faut partir un jour. J’avais connu ça de très près avec Henri Salvador, avec qui je travaillais et c’était un cadeau aussi. Le soir, il me téléphonait et il plaisantait au téléphone, le lendemain matin il était mort. Jamais malade, jamais de choses horribles, ça change tout.

 

C’est la souffrance qui vous fait peur ?

Oui et c’est comme ça que l’on s’est connu avec des enfants malades. Ce sont des choses très difficiles pour moi. J’ai beaucoup de gens proches qui sont partis, des personnes que j’aimais. Ce n’est pas quelque chose de réglé. Alors la vie après la vie, je ne sais pas. Ça reste un grand mystère. Je ne crois pas qu’il n’y ait rien. Je ne crois pas à Dieu et à sa grande barbe blanche qui va m’accueillir au paradis ni à aucune religion d’ailleurs. En revanche, je pense qu’il y a des présences. C’est difficile de parler de ça, de mettre des mots. Souvent je dis « dans ma prochaine vie, voilà ce que je ne ferai pas ».

 

Ça veut dire que vous croyez au karma, aux vies passées ?

Non.

 

Vous n’avez pas de résonance avec des lieux où vous avez le sentiment d’être déjà venu ?

Non je n’ai jamais eu ça ou alors je n’en ai pas le souvenir. Je suis très humble par rapport à ça car je n’en sais rien. Je n’ai pas de conviction mais tout est possible. Souvent j’appelle quelqu’un qui me dit qu’il allait m’appeler. On est dans le présent, dans le réel.

 

Vous êtes très sensible à la nature, à la cause animale, aux êtres vivants.

Oui et de plus en plus.

 

Vous faites des gestes au niveau de l’écologie ?

Pas assez mais la conscience s’ouvre. Ça serait d’être en vélo et pas en voiture. On est dans cette période, en ce moment, où chaque chose est compliquée parce qu’on ne sait pas comment on avance. Prenons les batteries des voitures électriques, à recycler, elles sont plus polluantes. Il n’y a plus les particules fines donc on respire mieux mais on découvre un autre problème. J’essaie de manger bio mais comme je mange tous les jours au restaurant je ne sais pas d’où viennent les produits et s’ils sont de qualité bio. En plus, on se rend compte qu’on nous a caché beaucoup de trucs.

 

Vous êtes sensible, vous essayez de faire attention à ce que vous mangez ?

Je ne suis pas végétarien, j’adorerais être vegan mais j’ai réduit ma consommation de viande. C’est un chemin, c’est un travail.

 

Je vois passer vos statuts sur les réseaux sociaux concernant les animaux, leurs conditions de vie, ça vibre en vous ?

C’est ma mission. Je garde un compte Facebook que pour ça. Il y a 1100 contacts environ. Je me dis que si ça touche 10 personnes, ça peut éveiller les consciences. Comme tout le monde, j’ai dû acheter une doudoune avec un truc en fourrure au bout de la capuche en ne sachant absolument pas l’horreur qui se cachait derrière. Avant j’aurais acheté une couette en plumes d’oie, aujourd’hui je préfère en acheter une en synthétique jusqu’à ce qu’on découvre que dans le synthétique, il y a je ne sais quoi… mais j’essaie d’avancer avec ce que je sais.

 

J’ai mangé plein d’aliments à base d’huile de palme sans savoir ce que cela impliquait. Aujourd’hui je regarde les étiquettes.

Tout le monde en a mangé. J’ai un neveu de 14 ans qui adorait manger du Nutella, aujourd’hui il mange une pâte à tartiner bio sans huile de palme. Ce sont des petits gestes du quotidien qui peuvent changer un peu les choses. J’ai arrêté de manger des yaourts quand j’ai vu la monstruosité de l’industrie laitière. Ce n’est pas drôle de constater tout ça et il y a des journées où ça mine.

 

Vous avez des animaux ?

J’ai deux chiens qui sont adoptés. La dernière allait être euthanasiée à la SPA, je l’ai récupérée, elle a 10 ans, elle finira sa vie dans de bonnes conditions. Je pourrais en avoir beaucoup plus si je m’écoutais.

 

Je crois que depuis 2015, ils sont rentrés dans le Code Civil, ils sont reconnus comme des êtres sensibles et vivants.

Mais il y a encore beaucoup à faire.

 

Oui mais c’est déjà un début…

Absolument c’est une avancée énorme. Mais il y a encore les animaux de cirque, les animaux d’élevage. Tous les jours on découvre des choses monstrueuses. Je ne sais pas comment certains humains font pour se regarder. Je ne sais pas où est le plaisir de faire souffrir.

J’ai eu la chance d’avoir plusieurs maisons dans ma vie, de pouvoir acheter des endroits agréables, je respecte la nature. Je n’arrive pas avec la tronçonneuse pour couper les arbres. Il y a des gens qui achètent et qui coupent. Ça me rend malade. L’arbre c’est aussi un être vivant. Si l’arbre meurt dans le jardin, il meurt. Mais si les arbres sont là avant moi, ils restent là. Je les respecte.

 

 

* Nous avons fait cette interview début octobre.

 

Découvrez la suite demain…

 

Retrouvez les articles précédents :

https://valeriemotte.com/thierry-suc-1-5/

https://valeriemotte.com/thierry-suc-2-5/

 

 

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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