Il y a des artistes qui sont hypersensibles. Est-ce votre cas ?
Non. Je suis sensible oui. Le hyper me défrise un peu. J’ai souvent l’impression que l’hypersensibilité sert à certains à faire de la sensiblerie et du coup on est dans une autre catégorie. Je me méfie de l’hypersensibilité. De plus, il est important de rappeler aux jeunes gens que l’on fait un métier cruel, difficile. On est toujours dans un combat non apparent. Si on n’est pas un bon guerrier, on ne gagnera pas. Par contre, on peut être rusé. On est saltimbanque donc on navigue entre la vérité, le voyoutisme, la franchise et la pureté. On a tout ça, c’est pour ça qu’on est dans la marge. On a un statut privilégié qui n’est pas donné à tout le monde. Et c’est pour ça qu’il y a des gens qui n’y arriveront pas et qui vont se faire très mal parce qu’ils n’auront pas compris le principe de base.
Parfois il y a des doutes qui s’installent, comment les gérez-vous ?
Ce sont des doutes sur l’essentiel uniquement. On ne doute pas sur ce qui n’est pas sérieux, du technique. On doute sur des options profondes, sur des orientations. Quant à la création, le doute peut s’installer quand on se demande si on a raison de traduire ce que l’on a en soi de cette manière-là.
Dans vos chansons, vous parlez souvent de la saveur de l’instant présent. Vous êtes donc toujours dans l’ici et maintenant ou vous êtes plutôt du genre à regarder derrière ou à vous projeter devant ?
Je n’ai pas le goût de la nostalgie, ce n’est pas dans mon ADN. Je ne suis pas un regardeur dans le rétroviseur.
Carpe Diem ! J’aime sur la route découvrir les collatérales possibles et inimaginables. S’il y en a une qui me paraît gouleyante, j’irais l’explorer. Je ne suis pas insouciant.
Anticiper les choses un petit peu ?
Oui d’autant que ce sont toujours des expériences possibles. Je prends énormément le présent mais je mets en route quelque chose malgré tout.
Découvrez la suite demain… Nous parlerons du lâcher prise, de la mort et de la vie.
Copyright : Valérie Motté