Emmanuel Ballet de Coquereaumont est psychopraticien d’inspiration jungienne, spécialiste reconnu et renommé de l’enfant intérieur depuis 1990, co-créateur de la Méthode Cœur d’enfant ®, auteur et conférencier. Son livre « Rituels de l’enfant intérieur » co-écrit avec Marie-France son épouse vient de paraître aux éditions « Le courrier du livre ».

http://www.editions-tredaniel.com/rituels-de-lenfant-interieur-cd-p-8313.html

 

 

Pour découvrir son univers :

www.coeurdenfant.fr

 

 

 

Les « Rencontres lumineuses » de novembre sont consacrées à l’enfant intérieur. Emmanuel Ballet de Coquereaumont est mon invité. Chaque lundi, je vous partagerai une partie de son interview. Je le remercie de sa disponibilité et de son éclairage sur ce qu’est véritablement l’enfant intérieur.

 

 

 

 

Vous êtes psychopraticien. Votre livre « Rituels de l’enfant intérieur » que vous avez co-écrit avec Marie-France, votre épouse, vient de paraître aux éditions Le courrier du livre. Pouvez-vous nous le présenter ?

C’est un livre sur les rituels. Ce sont des actes, des actions métaphoriques et symboliques qui permettent de s’adresser directement à l’inconscient. En fait, pour l’enfant que nous étions, les rituels font partie de notre nature. Pourquoi ? Parce que nous les vivons très tôt dans la relation avec nos parents, à travers tout un tas de petites actions comme au moment des soins corporels quand on est bébé, des jeux quand on grandit. Pour l’enfant, ce sont autant de rituels qui lui permettent d’être en contact avec lui, avec l’autre et aussi de le rassurer au niveau affectif et en même temps, le rituel est structurant et contenant. Ce rituel qui a une grande vertu, depuis notre plus jeune âge, s’avère être d’une incroyable modernité à l’âge adulte parce que c’est une approche thérapeutique à part entière, qui va nous permettre de nous adresser directement à des parties de nous, à notre inconscient et ainsi déprogrammer, transformer et modifier notre perception de ce qui se vit en soi ou de ce qui se dit aussi à l’extérieur de soi.

 

 

Qu’est-ce véritablement l’enfant intérieur car on peut trouver différentes explications notamment sur Internet ?

L’enfant intérieur c’est une notion complexe, ce n’est pas un outil de développement personnel. C’est une notion de psychothérapie et pour le dire le plus simplement possible, on pourrait dire que l’enfant intérieur c’est à la fois la mémoire du petit être humain que nous étions avec nos joies, nos peines, nos blessures, nos ressources mais c’est aussi une métaphore, une image inconsciente qui parle à la fois de nos besoins fondamentaux, nos besoins relationnels mais aussi ce que l’on pourrait appeler nos pouvoirs créatifs, toutes ces potentialités existantes chez l’enfant et – qui si l’enfant est bien accompagné – vont pouvoir se développer à l’âge adulte.

 

 

Pourquoi c’est si important de le rencontrer, de l’écouter ?

C’est essentiel parce qu’on sait aujourd’hui que l’enfant intérieur est toujours vivant, toujours présent en nous quelque soit notre âge. Il est présent dans toute son immédiateté, sa vivacité. L’enfant intérieur c’est cette mémoire de l’enfant que nous étions depuis le ventre de la mère (l’être intra utérin) jusqu’au moment de l’adolescence psychique, vers 25, 26 ans. Ça fait une grande période de notre vie et durant cette période de vie, une grande partie de notre fonctionnement a été essentiellement symbolique et métaphorique. Pourquoi c’est essentiel de réintégrer cet enfant, de lui redonner une place ? Parce que ça va nous permettre d’utiliser, de mobiliser une manière particulière d’être en contact avec soi, avec les autres, avec la vie qui est cet aspect essentiel du symbolique, de l’imaginaire. C’est ce qui donne du sens à l’existence et en même temps cet enfant intérieur, c’est important de le réintégrer parce qu’en grandissant, on s’est adapté à des contraintes familiales, sociales, culturelles qui nous ont donc éloigné de ce que nous sommes réellement, une partie de ces potentialités. C’est comme si nous nous étions transformés en puzzle dont les pièces manquent. Ces parties de nous enfant qui ont été exilées parce qu’elles n’ont pas trouvé l’espace pour pouvoir être validées, reconnues, légitimées, se sont exilées à l’intérieur de nous. Le travail sur l’enfant intérieur c’est aussi de retrouver ces parties de soi, de les légitimer, de leur redonner une place entière en nous. Concrètement en tant qu’adulte, ça nous permet vraiment d’avoir un sentiment beaucoup plus d’intégrité, de complétude, de sentiment d’être beaucoup plus proche de qui on est profondément, ça donne du sens à l’existence et puis ça permet de sentir ce qu’on a à accomplir. Qu’est-ce que j’ai à accomplir qui fait que je vais avoir un sentiment d’avoir eu une vie heureuse ?

 

 

Pourquoi pour certaines personnes il y a autant de résistances à accueillir cet enfant intérieur ?

La principale résistance est du fait que l’on perçoit et l’on sait parfaitement que retourner vers cet enfant intérieur, c’est recontacter une part de cette souffrance de l’enfant. L’enfant intérieur a deux visages qui sont indissociables d’ailleurs. Quand on travaille avec son enfant intérieur, ce sont ces deux visages qui sont abordés en même temps, il y a d’une part l’enfant doué mais il y a aussi l’enfant blessé. Je l’écrivais dans l’un de mes livres « J’arrête d’avoir peur » *, la peur de revivre sa souffrance d’enfance c’est vraiment une peur verrou. C’est une peur qui nous empêche, qui nous dissuade d’aller à la rencontre de soi-même, de descendre en nous pour aller rencontrer cet enfant. On a peur parce qu’enfant, nous n’avions pas forcément la capacité psychique de pouvoir accueillir la souffrance que nous vivions. C’est pourquoi il y a tout un tas de protections psychiques qui font que cette souffrance est refoulée. En tant qu’adulte, avec Marie-France, nous n’avons jamais vu de personnes qui n’étaient pas capables d’accueillir sa souffrance. En réalité, on ne revit jamais sa souffrance d’enfant. Le but ce n’est pas de revivre sa souffrance. On sait très bien que si on cherche à faire ça, c’est plus destructeur qu’autre chose mais on va être suffisamment en contact avec une part de cette souffrance pour pouvoir réveiller en nous des capacités empathiques, de compassion qui vont nous permettre de valider, de légitimer notre souffrance d’enfant.

 

 

C’est intéressant ce que vous dites parce que ce n’est pas le cas – j’ai l’impression – de toutes les thérapies où parfois on nous fait revivre les moments douloureux.

En effet c’est lié beaucoup aux dernières recherches neuroscientifiques qui montrent qu’en fait notre cerveau évidemment n’est pas fait pour la souffrance. Elle est difficile à gérer pour notre cerveau. On sait aussi une chose fondamentale maintenant, pour progresser, pour apprendre, pour évoluer, on a besoin de rester en tant qu’être humain dans une zone de tolérance pour ne pas être dans une forme de chaos, d’excitation ou apathique. Cette zone de tolérance est importante à respecter en thérapie. Ça ne veut pas dire qu’on ne va pas contacter une part de la souffrance de l’enfant en nous mais ça va être toujours fait dans des conditions qui permettent d’accueillir cette souffrance, de la digérer. Si on va trop loin, la personne va se couper, elle va remettre en place des stratégies d’autoprotection et de survie surtout quand on a un vécu traumatique. Plus une personne a un vécu traumatique plus il faut y aller tout doucement. C’est pour ça que la thérapie sur l’enfant intérieur c’est un travail très profond mais très doux.

 

 

 

Découvrez la suite lundi prochain…

 

 

*paru aux éditions Eyrolles

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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