Votre parcours est riche. Pouvez-vous nous le raconter ?
Mon parcours est marqué par l’idée de création, d’expression, d’expressivité personnelle. L’écriture, la peinture – j’ai exposé de nombreuses fois -, l’utilisation de la voix à travers les pratiques. Ce sont des choses qui sont importantes pour moi. J’ai également un parcours de recherche sur moi-même et de compréhension du fonctionnement humain. J’ai d’abord commencé par des études d’histoire pour comprendre un petit peu comment fonctionnaient les êtres humains dans le passé. Et puis en parallèle, ce parcours s’est nourri de tout un tas de formations en psychologie. J’ai travaillé avec des enfants en tant qu’enseignant pendant très longtemps, une vingtaine d’années, je continue maintenant en thérapie familiale. Peu à peu c’est plutôt le travail de psychothérapeute qui s’est imposé et donc j’ai lâché le métier de professeur tout en développant beaucoup cette créativité à travers la peinture mais aussi le théâtre. J’ai fait beaucoup d’improvisation théâtrale.
Avant d’écrire ce livre, vous avez d’abord souhaité faire un oracle qui est très mignon.
Ce livre a été construit comme un diptyque c’est-à-dire un complément – même si ces deux ouvrages sont indépendants – de « L’oracle de l’enfant intérieur ». L’oracle c’était une mission importante pour nous parce qu’il n’existe aucun jeu sur l’enfant intérieur dans le monde. Il y a un jeu qui s’appelle « Les cartes de l’enfant intérieur » qui a été créé par des américains mais qui aborde plutôt l’aspect collectif des contes de fées. Il n’y avait pas d’outils pour permettre d’entrer en contact avec cet enfant qui est en nous, les différentes facettes de l’enfant, d’être en contact avec ses forces de vie, ses besoins. On parle beaucoup de reparentage. Avec l’oracle, c’était l’occasion de créer une quinzaine de cartes qui expliquent factuellement de manière pragmatique ce que c’est que de devenir un bon parent pour soi. C’était une réponse parfaite sur le travail sur l’enfant intérieur. Un oracle c’est donc ludique et puis c’est un outil de connaissance de soi qui est très performant je trouve car il permet d’avoir des images qui sont connectantes. Les images ont été créées avec une illustratrice Sabine Adélaïde.
On parle beaucoup du bonheur ici et là. Que représente-t-il pour vous ?
Le bonheur c’est d’être conscient que l’on est fondamentalement vulnérable. Le travail sur l’enfant intérieur c’est de sentir en tant qu’adulte qu’on revient régulièrement à ce qui est le plus petit, le plus fragile en soi. C’est un apprentissage parce que plus on entre en contact avec l’enfant en soi, avec le petit, le vulnérable plus on sent la responsabilité qui nous incombe d’être compatissant, doux et ça nous permet de sortir finalement des structures d’adaptation dont on a tous plus ou moins hérité qui nous disent qu’il faut être fort, invincible, qu’il faut avancer coûte que coûte. La plupart du temps c’est ce qui nous amène à faire des expériences plutôt douloureuses ou à nourrir des relations qui ne sont pas épanouissantes avec les gens. Etre conscient de sa vulnérabilité et en prendre soin c’est pour moi une clé du bonheur. Ça nous permet aussi de bien comprendre que la vie est chaotique. Pour moi la vie n’a pas de sens, certaines expériences que l’on fait n’ont pas de sens, elles nous confrontent au chaos. Et si on prend soin de cette vulnérabilité, on va s’accompagner et on va donner du sens. On va apprendre à donner du sens. C’est une façon d’accueillir la vie fragile, nos émotions. On va tous être confronté à des deuils, à des choses douloureuses. Le bonheur c’est un art de savoir traverser ces étapes difficiles de manière consciente, pleinement et en même temps c’est ce qui réveille encore plus de joie, de joie de vivre.
Vous différenciez le bonheur de la joie ?
Oui parce que le bonheur finalement c’est un résultat qui peut être d’ailleurs fluctuant. La joie c’est une énergie, c’est une émotion fondamentale. C’est une force de vie de l’enfant en nous. Revenir à la joie va nous donner un sentiment global, général de bonheur.
Est-ce que c’est aussi une manière d’être dans l’instant présent, ce que font les enfants d’être ici, là et maintenant et de s’émerveiller de tout ce qui les entoure ?
Oui même si moi je me méfie toujours des réponses trop rapides et trop simplistes. On sait en fait que le psychisme humain fonctionne avec deux consciences. Il y a la conscience de l’instant présent, c’est important de la cultiver comme l’enfant, pleinement présent, c’est une des sources du bonheur mais la deuxième conscience qui est essentielle à travailler, c’est la conscience biographique. Il faut aussi qu’on ait le sentiment d’être uni, d’être relié à notre histoire et à ce qui est fondamental dans notre histoire. On ne peut pas simplement vivre dans l’instant présent. C’est une illusion et ça ne mènera pas au bonheur parce qu’on sera rattrapé par les parties de nous qui sont exilées. Le bonheur c’est de travailler à la fois sur cette histoire en nous, d’aller vers plus d’intégration et d’intégrité et puis d’apprendre vraiment à rester dans l’instant présent et à s’émerveiller, à vivre de manière beaucoup plus spontanée, de manière plus joyeuse, vivante et aimante.
Pour finir, si vous aviez une baguette magique, à quoi vous servirait-elle ?
Elle me servirait à transformer en chaque être la vision de ce qu’est un enfant. Je ressens fondamentalement que ça changerait la face du monde.
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