Le Cri de la Terre 

 

Les solutions de l’écologie spirituelle 

 

Thich Nhat Hanh, Joanna Macy, Vandana Shiva, Sandra Ingerman, Chef Oren Lyons, etc… 

Préface Matthieu Ricard 

 

 

La crise écologique actuelle est le plus grand désastre causé par l’être humain que cette planète ait jamais vécu – accélération des changements climatiques, disparition des espèces, pollution et acidification des océans. 

 

Un aspect central mais rarement abordé de cette crise est notre oubli de la nature sacrée du vivant, et la manière dont cela affecte notre relation à l’environnement. Il y a un besoin pressant d’apporter une réponse spirituelle à cette crise écologique. C’est vital et nécessaire si nous voulons aider à remettre le monde, en tant que Tout vivant, en équilibre. 

 

Cet ouvrage réunit les voix de femmes et d’hommes, de toutes traditions et de toutes cultures, reconnu·e·s pour leur grande sagesse : Thich Nhat Hanh, Joanna Macy, Vandana Shiva, Sandra Ingerman, Chef Oren Lyons, Thomas Berry, Chef Tamale Bwoya, Winona LaDuke, Wendell Berry, Bill Plotkin, Satish Kumar, etc. Ils éclairent, dans des textes concis, le chemin du coeur qui permet de retrouver l’unité avec la Nature, et guérir la planète. 

 

« L’écologie spirituelle consiste à se changer soi-même pour être davantage respectueux de la nature et de l’ensemble du vivant. La sagesse et le discernement doivent nous montrer la meilleure marche à suivre pour prendre soin des autres et du monde. » Matthieu Ricard 

 

En cette période de confinement, je vous propose un ouvrage, paru fin août 2019, qui incite à la réflexion. Voici un extrait qui, à mon sens, résonne avec ce que nous vivons…  À chacun sa croyance et sa vérité. Belle et lumineuse découverte !

 

 

Moine zen bouddhiste, poète et activiste pour la paix,Thich Nhat Hanh nous appelle à nous éveiller du rêve qui détruit notre planète. Notre pleine conscience peut changer notre conscience collective, en nous donnant le pouvoir de décider de la destinée de notre planète.

 

 

Les cloches de la pleine conscience

THICH NHAT HANH

 

« Les cloches de la pleine conscience nous appellent,

essayent de nous éveiller, nous rappellent de regarder

profondément notre impact sur la planète. »

 

« Les cloches de la pleine conscience sonnent. Partout sur la Terre, nous constatons des inondations, des sècheresses et des feux de forêts massifs. La mer fond dans l’Arctique, des ouragans et des vagues de chaleur tuent des milliers de personnes. Les forêts disparaissent rapidement, les déserts s’étendent, des espèces disparaissent chaque jour, et cependant nous continuons de consommer, ignorant que les cloches résonnent.

Nous savons tous que notre belle verte planète est en danger.

Notre manière de marcher sur la Terre a une grande influence sur les animaux et les plantes. Cependant, nous agissons comme si nos vies quotidiennes n’avaient rien à voir avec la condition du monde.

Nous sommes comme des somnambules, ne sachant pas ce que nous faisons et où nous allons. Que nous puissions nous éveiller ou non dépend de la manière dont nous pouvons marcher en pleine conscience sur notre Mère Terre. L’avenir de toute vie, incluant la nôtre, dépend de nos pas conscients. Nous devons entendre les cloches de la pleine conscience qui sonnent partout sur la planète. Nous devons commencer à apprendre comment vivre d’une manière qui soit compatible avec l’avenir de nos enfants et nos petits-enfants.

Je me suis assis avec le Bouddha pendant longtemps et je l’ai consulté à propos du problème du réchauffement climatique et l’enseignement du Bouddha est très clair. Si nous continuons de vivre

comme nous avons vécu, en consommant sans une pensée pour l’avenir, en détruisant nos forêts et en émettant de dangereuses quantités de dioxyde de carbone, alors le changement climatique dévastateur est inévitable. Le niveau de la mer va monter et les villes côtières seront inondées, forçant des centaines de millions de réfugiés  à quitter leurs maisons, ce qui causera des guerres et des épidémies de maladies contagieuses.

Nous avons besoin d’une sorte d’éveil collectif. Parmi nous se trouvent des hommes et des femmes éveillés, mais ce n’est pas assez ; la plupart des gens dorment encore. Nous avons construit un système que nous ne pouvons contrôler. Il s’impose à nous et nous devenons ses esclaves et ses victimes. La plupart d’entre nous veut posséder une maison, une voiture, un réfrigérateur, un téléviseur et ainsi de suite, et nous devons sacrifier notre temps et notre vie en échange.

Nous sommes constamment sous la pression du temps. Dans les temps anciens, nous pouvions nous permettre de consacrer trois ou quatre heures par jour à boire une tasse de thé, à apprécier la compagnie de nos amis dans une atmosphère sereine et spirituelle. Nous pouvions organiser une fête pour célébrer l’éclosion d’une orchidée dans notre jardin. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous permettre ces choses. Nous disons que le temps, c’est de l’argent. Nous avons créé une société dans laquelle les riches deviennent plus riches et les pauvres deviennent plus pauvres, dans laquelle nous sommes si pris par nos problèmes individuels que nous ne pouvons pas nous permettre d’être conscients de ce qui se passe dans le reste de la famille humaine ou sur notre planète Terre. Dans mon esprit, je vois un groupe de poulets dans une cage se disputant quelques graines, inconscients du fait que, dans quelques heures, ils seront tous tués.

Les peuples de Chine, d’Inde, du Vietnam et d’autres pays en voie de développement rêvent encore au « rêve américain », comme si ce rêve était le but ultime de l’humanité, comme si tout le monde devait posséder une voiture, un compte bancaire, un téléphone cellulaire, un téléviseur. Dans vingt-cinq ans, la population de la Chine comptera un milliard et demi de personnes et si chacun d’eux voulait conduire sa propre voiture, la Chine aurait besoin de 99 millions de barils de pétrole chaque jour. Or la production mondiale aujourd’hui n’est que de 84 millions de barils par jour. Le rêve américain n’est pas possible pour les Chinois, les Indiens ou les Vietnamiens. Le rêve américain n’est plus même possible pour les Américains. Nous ne pouvons pas continuer de vivre ainsi. Ce n’est pas une économie soutenable.

Nous devons avoir un autre rêve : le rêve de la fraternité et de la sororité, de la bonté aimante et de la compassion. Ce rêve est possible ici et maintenant. Nous avons le Dharma, nous avons les moyens et nous avons assez de sagesse pour pouvoir vivre ce rêve. La pleine conscience est au coeur de l’éveil, de l’illumination. Nous pratiquons la respiration pour pouvoir être ici dans le moment présent, afin que nous puissions reconnaître ce qui arrive en nous et autour de nous.

Si ceci arrive en nous dans le désespoir, nous devons le reconnaître et agir aussitôt. Nous ne voulons peut-être pas affronter cette formation mentale, mais c’est une réalité et nous devons la reconnaître pour la transformer.

Nous ne devons pas sombrer dans le désespoir à propos du changement climatique. Si nous ne faisons que signer une pétition et l’oublier, cela nerésoudra rien. Une action urgente doit être prise individuellement et collectivement. Nous avons tous un grand désir de pouvoir vivre en paix et avec une soutenabilité environnementale. Ce que beaucoup d’entre nous n’avons pas encore, ce sont des façons concrètes de faire de notre engagement à la vie soutenable une réalité dans nos vies quotidiennes. Nous ne nous sommes pas organisés. Nous ne pouvonspas nous contenter de blâmer les gouvernements et les grandes entreprises pour la pollution de notre eau potable, pour la violence dans nos quartiers, pour les guerres qui détruisent tant de vies. C’est le moment pour chacun d’entre nous de nous éveiller et d’agir dans nos propres vies. Nous sommes témoins de violence, de corruption et de destruction partout autour de nous. Nous savons tous que les lois qui sont en place ne sont pas assez fortes pour contrôler la superstition, la cruauté et les abus de pouvoir que nous observons chaque jour. Seules la foi et la détermination peuvent nous garder de la chute dans un désespoir profond.

Le bouddhisme est la forme la plus forte d’humanisme que nous ayons. Il peut nous aider à apprendre à vivre avec responsabilité, compassion et bonté aimante. Chaque pratiquant bouddhiste devrait être un protecteur de l’environnement. Nous avons le pouvoir de décider de la destinée de la planète. Si nous nous éveillons à notre vraie situation, alors il y aura un changement dans notre conscience collective. Nous devons faire quelque chose pour éveiller les gens. Nous devons aider le Bouddha à éveiller les gens qui vivent encore dans un rêve. »

 

 

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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