Ce que je trouve intéressant dans cet entretien, c’est cet échange. Cela vient me rappeler que chacun a sa vérité, qu’il y a plusieurs vérités. Et c’est ce que j’aime dans la vie.
Je dirais que chacun a sa vérité ou plutôt l’expression de sa vérité. Quant à la vérité, elle existe, on ne la possède pas tous et peut-être qu’on ne la possède pas du tout mais il y a une vérité, celle de la nature, de la planète. Quand elle se met à bouger, cette vérité dépasse toutes les nôtres, elle fait de nombreux morts au Mexique. Il y a des vérités qui sont essentielles. Je pense d’ailleurs que vivre et réfléchir signifient arriver au plus près de la vérité telle qu’elle est, et d’un seul coup ça ne devient plus sa vérité mais la vérité. Mais au fond qui peut affirmer que c’est la vérité ?
Mais déjà accepter le fait que l’autre puisse avoir sa vérité est magnifique…
On va revenir à un thème très cher à mes amies les petites fées. On le retrouve aussi dans vos chansons, c’est la joie. Que signifie-t-elle pour vous ?
Quand j’étais animateur d’ateliers, j’avais un truc à faire passer qui était de l’ordre de la joie mais je ne voulais pas l’appeler ainsi. J’ai appelé ça la jubilation. Je pense que chaque artiste, quelque soit son art, devrait avoir à l’intérieur de lui un J majuscule. Par exemple, incarner un personnage, un vocabulaire et une façon de penser, que ce soit dans un drame ou une comédie doit entraîner une jubilation.
Et l’amour avec un grand A ?
Alors ça, ayant participé à ce genre d’exercices, je dois dire que c’est étrange. Il est là, il peut s’en aller. C’est comme le bonheur, il peut revenir, s’ennuyer. L’amour c’est ça. Et puis il y a ce truc invraisemblable de rencontrer exactement l’être qui est fait pour vous. J’appelle cela la moitié, ma moitié d’orange pour ne faire qu’un. Je trouve qu’on devrait se marier à la fin et que ce soit une espèce de « je persiste et signe » « j’ai passé une belle vie avec cette femme ou cet homme ».
Ça serait une conclusion en fait ?
Oui c’est une conclusion, un diplôme… Aimer c’est véritablement se donner la possibilité d’affronter des trucs terribles ensemble, du bon et du très mauvais. On va tous perdre quelqu’un, on a tous perdu quelqu’un et la logique fait que l’on perd ses parents, on perd les parents de l’être aimé. On affronte tout ceci ensemble. On se sert les coudes. En revanche, il y a des signes extérieurs extraordinaires. Pour moi me réveiller avec Sanda le matin – et elle je pense que c’est pareil – est une merveille. J’ajouterai un petit quelque chose, l’amour n’est pas complet s’il n’est pas doublé d’amitié, de complicité. J’en ai pris conscience avec Sanda. Ça me paraît essentiel, elle est ma meilleure amie et je suis son meilleur ami incontestablement, ça me paraît vachement plus fort.
Découvrez la dernière partie de cet entretien demain…
Copyright : Valérie Motté