Depuis de nombreuses années, vous vous battez pour une meilleure communication à l’école, pour un changement dans l’enseignement. Pourquoi ? Pensez-vous que les bases fondamentales ont été détournées, oubliées ?
J’ai une croyance, peut-être un peu utopique, qui est d’être persuadé que la communication relationnelle, est le seul antidote non violent à la violence et à l’auto-violence. Nous sommes entourés de plus en plus par la violence (individuelle, de groupe et sociale), nous sommes je crois le deuxième pays au monde en ce qui concerne le suicide des enfants. La consommation de drogues (qui est un suicide différé comme d’autres addictions telles l’alcoolisme ou le tabagisme) est en constante augmentation. Les actes d’incivilité, les agressions, les violences (conjugales et autres) nous entourent et jalonnent notre existence. Je considère que la communication, c’est la sève de la vie. Nous sommes fondamentalement des êtres de relation. Nous avons besoin d’échanges, de partages en particulier pour répondre à nos besoins relationnels. Et cela est important à souligner.
Je pense qu’il sera un jour une école ouverte sur le relationnel, sur l’apprentissage de la communication sans jugements, sans violence, sur la citoyenneté, sur la réorganisation de l’humus social, sur le respect et la mise en pratique de quelques règles d’hygiène relationnelle… Découvrir que communiquer c’est accepter à mettre en commun nos différences.
Je vais prendre un exemple concret, pour témoigner du changement de regard, de conduite que peut introduire la mise en pratique d’une seule règle d’hygiène relationnelle, telle que je souhaiterais qu’on puisse l’enseigner à l’école : Apprendre à parler à l’autre, plutôt que de parler sur lui.
Beaucoup de personnes sont incapables d’accepter cela, car parler à l’autre suppose être capable de parler de soi, de pouvoir se définir, de se positionner, de s’affirmer et donc de risquer de se dévoiler. Je vous invite à faire vous-même l’expérience un jour, demander à une personne proche de parler de ce qui l’habite, de ce qu’elle est, de sa personnalité. Il y a une certaine difficulté à se définir, à parler de soi…
Une question fondamentale en éducation, et je dirais, centrale en pédagogie, qui mérite toute notre attention est celle du pouvoir et de l’autorité.
Je rappelle que dans le domaine des relations humaines :
Avoir du pouvoir sur quelqu’un, c’est exercer une influence par la contrainte, quelle que soit la forme de cette contrainte.
Avoir de l’autorité, c’est exercer une influence pour permettre à l’autre de se réaliser, d’être plus lui-même, d’être auteur de sa vie…
Apprendre la communication dès le plus jeune âge serait un des plus sûrs moyens de combattre la violence et même de la prévenir… C’est mon combat depuis des longues années.
J’aime beaucoup le chapitre intitulé « Instants de vie ». C’est un échange avec des enfants. On peut lire leur innocence, leur authenticité et leur simplicité.
Qu’est-ce qui vous a donné cette idée de nous offrir ces instants lumineux ?
Les enfants ont des ressources incroyables, dans beaucoup de domaines, pour affronter les différentes péripéties de la vie. Je suis impressionné de voir ainsi que tout à l’intérieur, dans le silence de leur pensées, dans les tempêtes de leur imaginaire ou dans le fracas étourdissant de leurs jeux, les enfants nous envoient une parole libératrice, défiant ainsi les incertitudes de la vie pour exister dans l’émerveillement de chaque découverte.
En regardant nos enfants grandir, en l’éveil en eux de nouveaux sens, de nouvelles ressources, d’une nouvelle éthique plus universelle, je lance cette invitation de croire en l’avenir.
Peut-être faut-il rappeler qu’un enfant c’est notre part d’éternité, que chacun espère meilleur, plus beau, plus juste, plus tolérant !
Est-ce que vous communiquez avec le petit Jacques ? Que vous dit-il ?
Qu’il y a plein de miracles à découvrir chaque jour. Que la vie en elle-même est un miracle permanent.
Parvenez-vous à lâcher prise et à vivre dans l’instant présent ?
Dans le silence qui loge mon corps, je jouis de ce temps précieux à me centrer sur moi et laisser aux vibrations de l’univers la possibilité de me rejoindre pour me modeler et me modérer encore un peu… J’adore la chaleur tendre du soleil. Sur le fauteuil, regard posé sur mon jardin regorgeant de couleurs, j’accueille cette plénitude que la beauté de la nature m’offre. Mental apaisé, j’accède à la sérénité pour ouvrir en moi la porte des nouveaux possibles.
Découvrez la dernière partie de l’interview demain…
Copyright : Valérie Motté