Est-ce que vous avez eu peur de vous mettre à nu sur scène car c’est une nouvelle casquette, une nouvelle carrière ? Vous le gérez comment ?
C’était essentiel pour moi de le faire. Donc je ne gère pas, j’y vais. J’essaie de le gérer en étant le mieux possible, en travaillant beaucoup, en demandant à François ce qu’il en pense 18 fois par jour.
Il y a une de vos chansons qui m’a énormément touchée « Bien au contraire », elle évoque l’absence d’un être cher.
C’est une musique de Charles Aznavour. Il a très élégamment changé deux, trois choses dans le texte en me disant qu’il n’avait rien fait du tout. Gérard Davouste, mon éditeur lui a remis le texte et quand Charles Aznavour m’a reçu autour du piano pour me faire écouter la musique, il m’a dit : « je ne voulais pas vous décevoir, j’ai fait trois musiques. » Qu’il en fasse une demie, j’avais déjà envie de l’embrasser. Quand Il me demande laquelle je préférais, j’avais un peu peur et je lui ai dit : « c’est celle-là et il répond c’est bien ce que je pensais. » Tu te prends un coup de flippe car tu es devant Monsieur Charles Aznavour. Je suis qui pour lui ? Je ne suis rien. Les grands quand ils sont grands ils sont vraiment grands.
Quant à Gérard Davouste, si je suis sur scène aujourd’hui, c’est grâce à lui. Il me produit.
Cette chanson parle de la mort, que signifie-t-elle pour vous ?
On dit toujours que le temps arrange tout. Non, pour moi les gens qui me manquent, ils me manquent chaque jour un peu plus. Alors la douleur est moins forte. Le mal au ventre, la boule à l’estomac, la boule dans la gorge, oui avec le temps, ça s’apaise mais l’envie de les revoir, d’entendre une voix, de revoir le regard ou le sourire de ces gens-là, je trouve que non seulement il ne s’atténue pas avec le temps mais que ce manque est de plus en plus brûlant. C’est en partant de ce constat-là que j’ai créé la chanson, c’était le point de départ, l’angle et puis c’était une façon de parler de mon papa. Quand il est parti, il savait que j’allais monter sur scène, il n’a jamais entendu ça. Je pense que parler des gens qu’on aime et qui nous ont quittés, et bien ils ne meurent pas ou pas tout à fait.
Vous pensez qu’il y a une vie après la vie ?
Très honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée. Je pense qu’il y a une vie après la vie ici sur Terre dans les souvenirs des autres. Maintenant est-ce qu’on va se réincarner en libellule, en chimpanzé ou en rien du tout ? Franchement je n’en sais rien. Pour moi c’est trop important ce qu’on vit là, on verra après.
Quand on parlait d’enfant intérieur, vous disiez que vous parliez à votre fils mais qu’en parlant à votre fils vous parliez à vos parents ?
Oui bien sûr.
Ce qui signifie que les liens de l’amour ne se brisent jamais…
Jamais et je pense que le décès de mes parents est plus supportable parce que Simon était déjà là, j’avais l’impression que la chaine de la vie continuait. Je plains terriblement les gens qui perdent leurs parents, ça doit être très douloureux quand vous n’avez pas donné la vie vous-même parce qu’il y a comme quelque chose qui s’arrête. Le fait que mes parents aient pu voir mon fils même très peu de temps et bien la chaine continue…
C’est donc un moyen de célébrer la vie terrestre ?
Totalement. On est là que pour ça.
Finalement vous vous posez dans l’instant présent…
Absolument, dans la jouissance de la vie. Ici et maintenant. Après on verra.
Découvrez la suite demain…
Copyright : Valérie Motté