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    Portrait Lhomé    Couverture de l'album "Tout est lumière"

 

Je ne suis ni une fan de rap ni de slam mais quand j’ai découvert l’univers musical de Lhomé, ses textes profonds m’ont énormément touchée. J’ai ressenti toute la lumière et la bienveillance qui le caractérisent. Son humilité et sa reconnaissance envers la vie ont fait écho en moi.

 

Son album « Tout est lumière » sortira en début d’année.

 

Voici son clip « Je ne lutte pas » :

https://www.youtube.com/watch?v=wXGeEAu9BMI

 

Vous pouvez suivre son actualité :

La page facebook :

https://www.facebook.com/pg/Lhomeofficiel/community/

 

Toute la musique de Lhomé par ici :

https://lhome.bandcamp.com/

 

Lhomé est mon invité des « Rencontres féeriques ». Chaque jour de la semaine, je partagerai avec vous une partie de son interview. Je le remercie de sa confiance et de sa gentillesse.

Notre entretien s’est déroulé à l’hôtel Renaissance Paris Arc de Triomphe.

 

Vous êtes auteur et interprète. Quel est votre parcours ?

Mon parcours commence avec l’enfance et la passion de l’écriture. J’ai toujours écrit. Un jour mes parents reçoivent un mot du maître d’école, je devais être en CE1 (j’avais 6 ou 7 ans), qui leur demande d’arrêter de m’aider avec les devoirs de poésie. Mes parents le rencontrent et lui expliquent qu’ils ne m’aident pas mais le maître d’école ne les croit pas. Le lendemain, il fait un devoir surprise en classe. Il nous demande de rédiger un poème. Comme demandé, j’écris un poème. L’instituteur vérifie par lui-même et va s’excuser auprès de mes parents. Il était surpris de la qualité d’écriture. Ce poème, je l’ai gardé, une voisine l’a envoyé à un concours national et j’ai gagné. Il s’appelait « la rose » c’est mon premier vrai poème. Cette voisine était très bienveillante, elle m’offrait des cartes postales tous les trois mois et elle me disait d’écrire un poème au dos de chacune d’elles et de les conserver. Je les ai gardées dans une petite boîte à chaussures. Et puis j’ai grandi. On a déménagé, j’ai quitté un petit village de province pour arriver dans une cité HLM. Et les grands, ceux qu’on appelle les grands frères de quartier, ont ramené des cassettes de Paris où l’on entendait du rap américain et ça était ma plongée dans la musique urbaine. De fil en aiguille j’ai écouté beaucoup de musique, beaucoup de rap et puis j’ai été imprégné par la culture parentale, avec à la fois de la chanson du monde arabe car mon père est libanais et puis un petit peu de musique africaine car ma mère est togolaise. Et puis Michael Jackson, les Jackson Five, beaucoup de funk… J’ai tracé mon chemin en écoutant énormément de musique. Et puis un jour, j’ai entendu des rappeurs, je n’étais pas d’accord avec ce qu’ils disaient et je me suis dit que j’avais envie de rapper. J’étais grand, j’avais passé le bac, j’avais gardé plein d’écrits et je me suis mis à écrire. J’ai rencontré des gens dans un centre social et ça s’est fait comme ça. On a monté un premier groupe et puis un deuxième qui portait déjà pour nous tout ce qui était lié à l’engagement, à l’histoire et à l’humain. Avec ce groupe, on a voyagé, on a fait des concerts, on a fait des tournées. On a beaucoup travaillé avec les alliances françaises et on a sorti trois albums jusqu’au cambriolage du studio d’enregistrement que nous avons créé en 2009. À partir de là je me suis lancé en solo et il m’a fallu quelques années pour me relever de ce cambriolage qui a « décapité » notre groupe puisque notre lieu de travail, notre lieu de création et d’enregistrement avait disparu du jour au lendemain. Je me suis retrouvé en 2009 face à moi-même avec beaucoup de textes poétiques et puis une envie d’aller vers une musique qui soit personnelle mais qui soit quand même l’héritière de mon parcours dans le rap. Je me suis donc approché de compositeurs de musique pour l’image. Je suis un grand fan de musique de films. Et avec eux, on a essayé de construire un univers qu’on a qualifié de slam mais qu’aujourd’hui je qualifierais plus de chansons. Il y a eu un premier album qui s’appelle « l’ombre d’un amour » en 2012, ensuite un EP qui s’appelle « les vertus de la patience » en 2015 et puis « Tout est lumière » dans la continuité qui sortira en début d’année prochaine. La poésie reste au cœur de ce que je sais offrir de mieux mais maintenant j’y mets plus de lumière.

 

Concrètement que représente pour vous l’écriture ?

C’est une respiration.

 

C’est-à-dire ?

On vit en respirant et bien moi je respire en écrivant. C’est mon bol d’air, c’est ma prise de recul.

 

Une échappatoire ?

Une échappatoire, l’espace où je m’épanche, où je vis. Tout ce que je peux, pour le coup, aspirer du monde en douleurs comme en bonheur. C’est un havre, c’est un port, c’est un quai qui est toujours accessible et qui est toujours ouvert, je viens m’y poser quand j’en ai besoin et c’est quasiment quotidien. J’écris parce que j’en ressens vraiment le besoin, parfois je vais écrire sur des doutes parfois pas du tout. Tout peut être source d’inspiration.

 

Vous avez des petits carnets ou c’est sur ordi ?

J’ai gardé cette trace d’écrire sur des petits bouts de papier, à la base c’était des cartes postales. Et puis j’ai entassé des petits cartons jaunes provenant de la bibliothèque où j’aimais me rendre et au dos j’écrivais les textes. J’en ai gardés beaucoup. Pour le coup, ils me servent encore. Quand je suis inspiré, j’écris, je suis très manuscrit, l’ordinateur c’est vraiment quand il faut finir mais j’ai une trace de tout ce que j’ai sous la forme de petits papiers volants. Pour moi, ce sont des missives, ce sont des lettres, j’aime cette relation à l’écrit dans un petit format il y a quelque chose d’assez – je ne dirais pas secret – mais je n’ai pas besoin de m’étendre. Ce sont des petits bouts d’un grand puzzle.

 

C’est joliment dit…

Dans votre album « Tout est lumière », quel message vouliez-vous faire passer à travers ce titre ?

Je voulais dire que malgré tout ce qu’on peut traverser, ce qui nous attend au bout c’est la lumière. Et parfois ce à quoi on échappe dans notre course c’est aussi la lumière parfois on oublie de la saisir et cet album pour moi c’est pour qu’on se rappelle que dans le chemin et au bout du chemin ce qui nous attend c’est toujours de la lumière.

 

Et comment avez-vous réussi à trouver cette harmonie avec les compositeurs qui vous ont accompagné ? à être sur la même essence ? Vous leur avez d’abord donné vos textes ?

Non. On travaille souvent en co composition, soit ils m’envoient une petite chute en MP3 et je commence à écrire soit je suis assis à côté d’eux et je leur chante, je ne joue pas d’un instrument mais je sais ce que je veux entendre, des mélodies. À partir de ça, ils jouent jusqu’à ce qu’on trouve les notes que j’ai entendues intérieurement et puis ensuite ils arrangent en fonction de leur fibre musicale. C’est souvent comme ça que l’on travaille. Ou alors ils ont composé quelque chose en fonction de leurs émotions, de leurs chemins de vie. Ils m’envoient leurs propositions, je donne mon avis, ça m’inspire et j’écris. Mes compositeurs sont moins productifs que moi. J’ai beaucoup de textes alors je cherche lequel va correspondre mais c’est un véritable dialogue entre eux et moi même si j’essaie de les ramener à quelque chose de très terrestre, très terre-à-terre parce qu’ils sont souvent dans leur bulle, dans leur monde mais on apprend à discuter ensemble, on apprend à ne pas être d’accord, mais on trouve chacun notre part de satisfaction quand même. Et ils sont nombreux, j’ai cinq ou six personnes avec lesquelles j’aime travailler. Je n’ai pas choisi une direction, une couleur musicale d’un compositeur parce que quelque part j’écris avec mes émotions et c’est un éventail assez large je pense pouvoir, à travers ce disque, créer une espèce de fil conducteur qui va se glisser entre les différents tissus que nous sommes et arriver à boucler ce projet.

 

Et puis c’est un voyage car il y a plusieurs influences…

Oui bien sûr. C’est un voyage textuel et musical. C’est un voyage textuel à travers ce que je ressens, ce que je défends comme valeurs, comme opinions et c’est un voyage musical à travers une musique, qui peut être tantôt un tout petit peu pop électro tantôt un petit plus musique de films puis un peu plus urbaine. Ce sont comme des atolls et chaque titre a sa particularité et pourrait aussi vivre tout seul. Je ne voulais pas un seul et même univers musical pour tout le disque. C’était un choix. Et puis peut-être que je n’aie pas encore trouvé l’architecte musical qui me permettrait dans un même univers de faire tous ces voyages.
 
 
Découvrez la suite de l’entretien demain…
 
 

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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