Tu disais qu’il y avait différentes techniques, y a-t-il un protocole particulier ou c’est au cas par cas ?
C’est vraiment au cas par cas. Non, il n’y a pas de protocole. Chaque individu étant unique comment un protocole pourrait-il s’appliquer ? Ce n’est pas possible. Il n’y a qu’en médecine qu’on voit cela.
Peut-on prendre un exemple pour mieux comprendre ?
C’est difficile car chaque cas est différent et chacun va m’amener à utiliser une ou plusieurs techniques différentes. Ce n’est jamais pareil. Ce qui revient assez souvent, c’est le cas de personnes désirant s’arrêter de fumer. J’ai eu plusieurs cas où cela a très bien marché en aidant la personne à changer des croyances limitantes et en rétablissant des valeurs jusque-là violées sans avoir à utiliser l’hypnose.
Ils ne venaient donc pas pour une séance d’hypnose ?
À propos d’hypnose, il faut savoir que Milton Erickson a beaucoup influencé la PNL dans le langage, qui sans être de l’hypnose à proprement parler, utilise les mêmes techniques. Quand je reçois un patient on emploie naturellement cette manière de parler qui fera en sorte que la séance en sera beaucoup plus aisée et les résultats plus rapidement atteints.
C’est-à-dire qu’il y a des phrases-clés, des mots-clés ?
Il y a un ton, il y a tout un ensemble de choses. Quand je parlais précédemment de la confiance, c’est comme s’il s’installait entre la personne et le thérapeute une symbiose complète. Du coup, c’est comme si elle était en face de son miroir. Elle se parle à elle-même sans rien se cacher et en se laissant aller. C’est à ce moment-là que quelque chose peut se passer. Dans le langage PNL, il est courant d’utiliser des mots, des expressions, un ton de voix qui s’apparente un peu à l’hypnose.
La guérison n’appartient pas au thérapeute, elle appartient au patient. Un praticien en PNL est là pour accompagner son patient en lui permettant d’aller exactement au point où le patient prend conscience du changement à faire en lui afin de prendre le bon chemin, celui de la guérison. Le thérapeute doit faire preuve de beaucoup d’humilité et jamais se poser comme celui qui sait. Entre le patient et lui, c’est juste un échange. Et c’est là où on peut voir la puissance des mots et d’une communication telle que la PNL l’enseigne.
Les deux premières techniques que l’on apprend en PNL sont la reformulation et la synchronisation. En ce sens, je donne des formations en PNL sur deux jours que j’appelle « communication et relation » à l’attention de chacun mais particulièrement à l’attention de thérapeutes désireux d’améliorer ce rapport avec leurs patients.
Tu peux développer ?
La reformulation : Au fur et à mesure que la personne me parle, je la coupe et je reformule ses mots, ses phrases. Je fais cela bien sûr de façon à ce que cela ne soit pas choquant. Beaucoup de pratique fait qu’on y arrive très bien.
Quelle est l’intention de cette technique ? Tout d’abord de bien être sûr d’avoir bien compris ce que la personne vient de dire, mais aussi d’envoyer un message qui est d’indiquer au patient que je suis très attentif et que j’ai très bien compris ce qu’il voulait dire. Ensuite, la personne entend les mots qu’elle vient de dire et ceci est très important car souvent elle apportera une rectification à ce qu’elle venait de dire pour aller vers plus de précision dans son histoire. Alors bien sûr cette technique n’est pas si facile à pratiquer et il faut beaucoup de pratique pour ne pas faire le perroquet. La communication doit être fluide pour que la personne ne se rende compte de rien. En étudiant la PNL on réalise l’importance et à quel point le sens, la signification de chaque mot est différent d’une personne à une autre. Qu’est-ce qui fait qu’on ne s’entend pas avec une personne ? Chacun emploie les mêmes mots mais derrière le même mot, chacun a sa propre signification. Et c’est ce qui fait que la communication à tous les niveaux mène très souvent vers des conflits car le sens en est brouillé par faute d’incompréhension et de précision.
Je pense que chacun a sa propre vérité. Il n’y a pas une seule vérité mais autant de vérités qu’il y a d’individus.
Bien sûr c’est très juste. En fonction de notre propre culture, nos propres croyances, nos propres mémoires, nous sommes tous différents, et tout cela conduit nos pensées et pour les exprimer, notre langage. C’est pourquoi, nous pouvons dire sans nous tromper que chaque individu sur terre met sa propre signification sur chaque mot qu’il emploie et qu’elle est différente des autres.
La PNL repose sur des postulats fondamentaux qu’on appelle les présupposés dont le premier, le plus connu et qui définit à lui seul ce qu’est la PNL : « La carte n’est pas le territoire ». C’est ce qui définit ce que nous percevons du monde à travers nos cinq sens en fonction de ce que nous sommes (croyances, mémoires). La carte est le monde tel que nous le voyons mais qui n’est pas exactement la réalité. Chacun de nous possède donc sa propre carte du monde et il n’y en a pas une meilleure qu’une autre.
Du coup, les résultats sont visibles quasiment instantanément alors ?
Avec cette technique de reformulation, oui très souvent. C’est un peu comme un jeu de ping-pong. La personne a un miroir en face d’elle et c’est nouveau pour elle. Avec l’expérience la reformulation passe inaperçue mais cela change complètement tout. Il n’y a plus d’équivoque. Je vois une espèce de soulagement à l’intérieur de la personne car elle est enfin écoutée et comprise. Elle-même sans le savoir a cheminé vers sa guérison car il n’y a plus de barrière, plus d’obstacle et elle est totalement en confiance et en sécurité.
Et puis il y a une deuxième technique, qui s’appelle la synchronisation.
Qu’est-ce que c’est ?
C’est une autre technique qui va accentuer chez la personne cette sensation qu’elle a en face d’elle un miroir. Synchroniser c’est un peu singer mais par des gestes, l’attitude cette fois. La reformulation c’est des mots et la synchronisation c’est par le corps.
Tu vas prendre la même position qu’elle ?
Exactement mais je vais faire en sorte bien évidemment qu’elle ne le remarque pas. Il faut que ce soit très discret, dans la souplesse, dans le mouvement, et là aussi il faut beaucoup travailler et s’exercer avant d’être très efficace dans cette technique. On peut faire une synchronisation symétrique ou bien asymétrique. Elle lève sa jambe droite, je lève ma jambe droite. Elle lève son bras ou elle se gratte l’oreille, je vais me gratter l’oreille mais de façon à ce qu’elle ne s’en rende pas compte. Ce n’est pas si facile au début. Pour la personne c’est son inconscient qui va capter ce qui s’opère face à elle. C’est donc une manière de court-circuiter le mental.
Tu dois être épuisé après une séance car ça demande énormément de concentration et d’observation ?
Tu as dit quelque chose qui est intéressant et qui est très important, c’est l’écoute. Non je ne suis pas très fatigué car l’habitude et l’expérience aidant cela se fait naturellement. Il est vrai qu’il est nécessaire d’être concentré et d’être surtout très à l’écoute. L’observation est très importante. Rien ne doit échapper au praticien et il doit prendre en compte de tout ce qui se passe sur la personne, ses mots bien sûr, ses gestes, ses crispations, ses mimiques, ses tics, la position de ses mains, etc.
Cela s’appelle en PNL, le calibrage. Calibrer c’est observer et tout noter car tout a un sens. Il faut bien savoir que le langage non verbal est beaucoup plus important que le langage verbal, c’est pourquoi le thérapeute, par un très bon calibrage, peut recueillir une foule d’informations sur son patient, non dites verbalement. Faire une consultation par téléphone, c’est possible, mais il manque des éléments. C’est toutefois possible, mais cela oblige à être encore plus attentif au son de la voix, à l’intonation. La PNL c’est la précision et qui oblige à être très attentif, à l’écoute et à calibrer. Ce sont les bases de la PNL.
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