Votre regard sur la mort a-t-il changé ?
Depuis la mort de ma mère, peu de temps en arrière, j’ai commencé à être traversé par l’idée que je suis devenu mortel. Sans qu’elle fasse partie de mes préoccupations quotidiennes, elle est devenue aujourd’hui une certitude, dans l’épreuve que j’ai traversée et de la maladie que je combats. Sans nier la mort, je pense à la vie, à ma vie, comment je peux l’embellir et surtout la vivifier pour laisser après moi plus de vie que je n’en ai reçue.
Votre épouse Valeria est devenue, en quelque sorte, votre voix ?
Valeria est mon lien le plus précieux avec l’extérieur. Par son écoute présente, elle a appris, en peu de temps, de nos rencontres, à me connaître, à m’apprivoiser, à entendre encore plus fort mes paroles muettes. C’est ma joie mouvante, la voix tendre de mes convictions de vie, l’expression fidèle de mes rêves et de mes écrits.
Sa présence bienveillante est mon soutien inestimable dans cette traversée.
Mon nouveau livre est un de ses miracles. De textes inédits, qu’elle a transcrits avec dévouement pour me permettre de me sentir encore relié à mes lecteurs. C’est un livre lumière nourricière, comme une graine d’amour semé, qui reconnue, accueillie, cultivée et entretenue avec beaucoup de soins, va agrandir l’espace de la vie, pour y loger « Un zeste d’éternité ».
Dans ce nouveau livre intitulé « Un zeste d’éternité », vous évoquez l’importance de l’écriture dans votre vie. Que signifie-t-elle vraiment ?
Écrire a toujours était un vrai plaisir pour moi. L’écriture est comme une mise au monde.
Encore plus aujourd’hui, quand la maladie m’a feutré dans le silence, l’écriture demeure un moyen pour exprimer et transmettre mes ressentis de vie et l’indicible de ce que notre société traverse.
Vous savez, je viens d’un milieu pauvre où dans ma jeunesse on militait beaucoup. Il me semble que j’ai gardé cette sorte de militantisme en écrivant des livres qui permettent à beaucoup (je le crois, en comptant les nombreux témoignages) de changer de regard sur leur propre vie et de s’engager dans une démarche plus relationnelle.
Je défends et propose inlassablement une démarche qui incite à prendre soin des relations significatives de notre vie. J’écris pour permettre à ceux qui me liront de grandir de l’intérieur, d’aller au-delà de certaines désespérances, de dépasser des comportements toxiques envers soi-même et envers les autres ou encore plus simplement, d’avoir le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue à pleine Vie.
C’est par écrit que je réponds au défi que je me suis donné dans cette existence en plein mouvement.
Et la créativité ? Vous dites communiquer, c’est mettre en commun. Pouvez-vous développer ?
Nous sommes des êtres de relation. Apprendre à mettre en commun, c’est essentiel pour tisser des liens, des relations, nous permettant de s’approprier un espace de vie commune, en harmonie, en paix. La communication relationnelle que je propose repose sur 4 démarches : oser demander sans exiger, oser donner sans mettre en dette, oser recevoir sans se transformer en poubelle et oser refuser quand ce qui vient de l’autre ne me respecte pas, ne correspond pas à mes attentes, mes valeurs ou mes désirs.
Cette mise en commun est un véritable et merveilleux cadeau, car elle nous permet à se dire, à s’entendre, à partager et à se relier avec respect et tolérance à ceux qui nous entourent. C’est là toute notre créativité qui nous montre comment relever tant et tant de défis au quotidien de notre vie et continuer à construire des relations durables dans le temps et respectueuses de la personne.
Car si je ne suis pas un bon compagnon pour moi-même, je ne peux l’être pour autrui.
La pédagogie de la Méthode ESPERE®, que j’ai développée pour pouvoir transmettre les bases d’une communication plus relationnelle, s’appuie sur des concepts, des outils et des règles d’hygiène relationnelle qui visent à développer l’autonomie, le positionnement et l’affirmation de soi, la créativité et la confiance. Elles sont accessibles à chacun et directement transmissibles.
Découvrez la suite de l’interview demain…
Copyright : Valérie Motté