Aujourd’hui, que deviens-tu car tu ne t’es pas soumis à la vaccination obligatoire, tu as donc perdu ton travail ?
Je n’ai jamais autant travaillé de ma vie. Mais c’est devenu une vie entière dévouée à essayer de contribuer à faire advenir un avenir plus beau ensemble pour nos enfants. J’ai effectivement quitté l’hôpital public où je travaillais. Le chantage était insupportable.
Je ne me suis pas soumis et je ne m’y soumettrai pas. Plus encore, je ne me soumettrai jamais à l’idée qu’un pass sanitaire ou vaccinal soit instauré pour avoir le droit de travailler, aller à la bibliothèque, participer à la société de quelque manière que ce soit. Pas plus qu’à aucun pass vert, blanc, bleu, brun ou rouge.
Nous sommes dans un déferlement totalitaire. Sur motif sanitaire d’abord pendant le Covid, actuellement sur motif sécuritaire dans le cadre d’un conflit armée localisé entouré d’une propagande de guerre proprement insupportable. Les restrictions de liberté qui ne cessent de s’accummuler sont le revers d’une médaille dont l’avers est la destruction programmée et volontaire de toutes nos institutions. C’est entre autre la mise en place d’un crédit social en lieu et place d’un contrat social. C’est le premisse d’une société dystopique totalitaire technosanitariste et sécuritaire dont nous ne pouvons pas vouloir collectivement.
Après avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour proposer une autre voie pour mon service et mon hôpital, j’ai choisi de partir en disponibilité de la fonction publique hospitalière et du naufrage volontaire que ses chefferies de service et directions sont en train de mettre en œuvre.
Les gens doivent réaliser que de nombreux soignants, encore applaudis il y a un an et demi sont aujourd’hui suspendus sans salaire, sans pouvoir prendre même leurs jours de congés payés dûment gagnés, sans possibilité de prétendre à quelconque aide sociale, sans pouvoir prétendre à pôle emploi, sans possibilité de trouver un autre emploi puisqu’ils restent encore liés contractuellement à leurs employeurs. Ceci dans l’indifférence générale, laissant des hôpitaux exsangues où ceux qui ont cédé au chantage vaccinal se retrouvent en sous nombre, humiliés et démoralisés. J’ai une pensée émue pour ceux qui ont été suspendus, mais peut-être encore plus pour ceux qui ont cédé au chantage et sont restés.
La vaccination anticovid, il faudra bien le clamer haut et fort publiquement, ne protège que très mal voir pas du tout du virus. Elle n’empêche aucunement la contagion. Et pire, elle ne protège même probablement pas ou anecdotiquement des formes graves, pas même chez les personnes avec des facteurs de risque. C’est ce qui transpire de toutes les études récentes qui sortent sur le sujet. Les gens vaccinés se sont tristement faits avoir par une propagande odieuse reposant sur des données frauduleuses menée conjointement par états, industries pharmaceutiques et numériques. L’affaire du Ventavia gate qui montre les fraudes multiples des études de mise sur le marché de Pfizer n’étant que le petit morceau du gigantesque iceberg de mensonges et de manipulations qui ont été orchestrées autour de cette vaccination. C’est très dur à admettre. Très douloureux. Et pourtant, il vaudrait mieux en prendre conscience pour cicatriser notre société multifracturée.
Dès lors, il ne s’agit pas d’une problématique sanitaire quand on fait du chantage aux soignants pour se vacciner avec un produit peu sûr et inefficace. Il s’agit d’autre chose. En l’occurence d’un plan social à pas cher pour les tutelles technocratiques dont le seul mandat est de liquider notre hôpital public et notre système de Santé au nom de la rentabilité.
Il est devenu extrêmement difficile d’être simplement soigné aujourd’hui. C’est affreusement triste. Patients comme soignants sont mis en extrême tension. J’ai proposé de rempiler pour aider mes collègues. Mon aide a été refusée par ma direction hospitalière. J’ai fait 12 ans d’études, je suis bardé de diplômes. J’ai un métier utile à la société. Mais je ne peux plus l’exercer. Pas de mon fait. Ceux qui nous dirigent ont un autre agenda que celui qu’ils affichent. Ils servent la survenue d’une santé numérique enfin débarassée de l’humain. Le cauchemar transhumaniste des Klaus Schwab, des Attali, des Laurent Alexandre et autres Yuval Harari… Ils détestent la Vie, ils détestent les humains. Et ils ont le pouvoir…
Ce n’est pas souhaitable et pourtant c’est en train d’arriver sous le regard docile de la majorité assrervie à la propagande médiatique et étatique, impuissant de la minorité qui a avec douleur compris trop tard les enjeux.
Est-ce une étape pour te réinventer ? Comment appréhendes-tu la suite ?
Nos institutions sont en train de s’effondrer pièce par pièce. C’est douloureux, effrayant, et très déstabilisant. Il y a le Mal aussi. Celui qu’on ne veut jamais voir, qui provoque l’effroi terrible et la peur glacée. Il existe. Il a même des visages, des voix, des bras multiples. Je le regarde en face. Bien en face. Et encore une fois la certitude du bien que je veux vivre se dessine toujours plus claire, incise au scalpel, extraite enfin comme un joyau du fatras des petites compromissions de ma vie facile d’avant. La Mal est là pour que se réveille le Bien.
Les grecs parlaient pour le philosophe de la nécessité d’une « époké ». Cela signifie « parenthèse », suspension du jugement. Voilà où je suis : dans une parenthèse pour pouvoir ouvrir un nouveau chapitre. C’est le moment d’une respiration par rapport à tout ce à quoi je croyais, tout ce que je comprenais du monde. Ce monde est en train de s’effondrer sous mes yeux encore parfois incrédules. Mais si mon ton jusque-là pourrait te paraître sombre. Je suis paradoxalement convaincu que tout cela arrive par nécessité. Que tout cela est une chance.
Alors que tout paraît se contraindre, s’obscurcir et se refermer. Moi je vois toutes les fissures et la lumière qui passe à travers tous les pores. Alors que la vie semblerait être devenue une guerre contre un monstre aux mille griffes, toutes les écailles sont de plus en plus béantes et ouvrent des chemins innattendus. C’est comme une épreuve initiatique très difficile mais qui ouvre à plus vaste, plus beau.
Christiane Singer, que j’admire beaucoup, dans son oeuvre, passe son temps à faire le grand écart entre un constat sans fards des ténèbres de ce monde, et en même temps, à voir dans tous les recoins, dans toutes les brèches, dans toutes les fissures, dans tous les interstices, « la lumière à gros bouillons qui tremble au bord des cils » (Camus, Noces), qui se faufile et cherche à inonder nos cœurs et nous révéler les merveilles.
Nous avons écrit avec mon épouse une lettre sur ce sujet.
Ce que je ressens pourra paraître étrange. Je ressens de la gratitude. De la Liberté.
Je n’ai jamais autant appris. D’abord sur moi même. Sur mon désir. Sur mon talent. Sur mes limites et mes peurs. Ensuite sur le monde que je croyais habiter. Et je croise à chaque détour de ce sentier sinueux des gens admirables, courageux, gentils, aspirant au bien commun, à la profondeur et à la beauté. Je rencontre des gens qui parlent aux fées, aux anges et qui palpent les energies subtiles de notre univers. Je rencontre des savants épris de vérité et de connaissance profonde. Je rencontre la beauté et la grâce.
Je ne sais rien de ce qui va se passer demain. Je n’ai qu’une idée vague de comment le mois se terminera. Mais alors que des gens voudraient nous plaindre, je ressens comme une force profonde, claire et torrentielle qui ouvre le chemin.
Enfin, il m’est redonné de pouvoir rêver au monde que je souhaiterais voir advenir pour nos enfants et tous ceux qui nous suivront. Et après ce rêve, de me mettre en action. de contribuer de mon petit talent fragile. Alors pour ce grand œuvre à accomplir, aucun autre choix que de se mettre en lien. Renouer avec l’autre, innattendu, sans cesse surprenant, avec qui on va devoir dépasser les conflits.
Je reste médecin. Ma préoccupation est le soin. Je découvre en quittant l’hôpital de très nombreuses personnes qui ont à cœur de prendre soin les uns des autres et plus largement de la terre et du vivant autour de nous. Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Le temps s’est resserré, condensé. De nombreuses personnes font de la méditation pour essayer de revenir ici et maintenant. Il m’a suffi pour ma part d’accepter de rentrer dans cette incertitude sur demain, qui ouvre aussi tous les possibles. J’espère continuer à pouvoir contribuer à voir se déployer un système de soin intègre, loin des rêves de profit fumeux des grandes entreprises du médicament et de la data.
La peur est au centre de cette crise, comment l’accueillir pour la transmuter ?
La peur est partout. Elle suinte de notre société qui a pourtant créé tant d’artefact pour se rassurer. La peur d’un virus. La peur des méchants, la peur les uns des autres, la peur des gouvernants. La peur de demain. La peur de la mort. Et plutôt que de se retourner sur nous mêmes pour admettre cette peur. Nous la cristallisons dans la figure de l’autre en face de nous. Comme pour en faire un objet extérieur, comme une catharsis mais qui ne se réaliserait jamais.
J’ai peur souvent. J’ai peur tout le temps. Elle revient sans cesse et me saisit. J’ai peur de tout faire de travers, de me tromper, d’avoir tort. J’ai peur des guerres, de la dictature numérique en marche, pour les familles qui se déchirent, pour les enfants sacrifiés…
Comment traverser la peur ? La peur est la petite mort de l’esprit. La peur est la petite mort du vivant en nous.
“I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me. And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path. Where the fear has gone there will be nothing. Only I will remain.” (Frank Herbert, Dune)
La peur conduit à l’oblitération totale. La peur passera sur moi, au travers de moi. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.
Je la traverse en confiance. Et je constate chaque fois surpris et emerveillé que derrière la peur, il n’y a rien. Rien que moi au creux d’un monde enchanté à vivre avec le cœur battant à tout rompre grand ouvert. Il n’y a rien à faire. Non agir, non faire, non crisper, non violence. La peur est une bulle d’imaginaire hyper inflatée. C’est une montgolfière détachée qui s’échappe loin du réel. Il ne faut pas perdre pied sur le réel. Il faut y revenir constamment, patiemment, méthodiquement.
Le réel commence à chaque inspir. Il se déploie dans tous les visages croisés, dans tous les regards croisés. Il ouvre ses bras pour nous embrasser dans chaque seconde et chaque action. Quelle présence voulons nous mettre dans ces ici et maintenant sans cesse proposés ? C’est le choix de l’attention, de l’intention. Reprendre contact suppose une discipline, une voie de sagesse. Parce qu’à chaque seconde, le contact peut se briser, se trouver distrait. L’attention peut être capturée. Et elle l’est.
Alors… Eteindre la télé. Eteindre les écrans, éteindre les téléphones, sauf pour appeler tous nos aimés. Oublier sciemment les nouvelles et les délires perpetuels. Et se remettre soi même dans cet inspir, à ressentir, pas en toc, pas sur commande, pour de vrai, le réel et son choc.
On lira avec fruit sur ce sujet de l’attention l’excellent livre de Matthew Crawford, Contact. Et pour creuser les profondeurs et les méfaits du totalitarisme numérique, les travaux de Fabien Lebrun, On achève bien les enfants – Ecran et barbarie numérique et les nombreuses contributions du groupe Pièces et main d’œuvre, notamment Manifeste des chimpanzés du futur.
Le monde d’hier était en train de s’effondrer, le covid n’a fait qu’accélérer la situation. D’un point de vue spirituel, je trouve cela extraordinaire car ça nous invite à créer une humanité différente avec plus de respect, d’équité, de solidarité. Qu’en penses-tu ?
Nous partageons le même constat alors.
Ce qui tricotait la trame du Nous se déchire. Les pouvoirs essayent de tenir ensemble l’intenable. Quelque chose est en train de se disloquer. C’est un moment d’entropie intense avec une libération d’énergie considérable. C’est une déflagration. La destruction accélérée de nos biotopes, la destruction de toutes les structures qui tenaient les pays occidentaux : école, police, justice, médias, santé, science, création artistique, monnaies… Tout vole en éclat. C’est la fin déjà moult fois annoncée de nos sociétés techno industrielles en prédation sur les ressources et en recherche de normalisation intégrale du vivant.
Tout était devenu une mécanique implacable jugée à l’aune du seul résultat comptable financier. Cette entropie est nécessaire. Elle doit casser la rationalité numérique dominante qui détruit tout. Mais justement, parce que c’est la fin de quelque chose, c’est aussi le début de quelque chose de nouveau. La reprise d’un mouvement discontinu, ondulatoire, qui s’était trouvé contre nature linéarisé depuis la révolution industrielle et peut-être même depuis les Lumières en fait. L’ouvrage sur le métier est à retisser une cohérence. Bernard Stiegler aurait dit une « néguentropie » (Dans la disruption, comment ne pas devenir fou, par Bernard Stiegler). C’est ça la résistance : bâtir une cohérence dans un effondrement. Et tout est déjà là pour faire un monde meilleur.
Certains boiront jusqu’à la lie le déferlement totalitaire. Ils sont encore accrochés au vieux monde qui se meurt. Leur condition nantie est trop confortable pour qu’ils acceptent de la perdre volontairement. Ils la perdront cependant. Ils seront emportés comme des fétus de paille dans le déferlement totalitaire que nous avons à vivre. Chacun se transforme à son heure. Chacun prendra conscience à son heure. Il ne sert à rien de vouloir hâter la conscience des gens autour. Ce serait leur faire encore une violence de plus. On ne peut que partager ce qu’on a compris. À chacun d’en saisir le sens, la portée. La résonnance. D’un côté certains s’accrcochent jusqu’à la folie à une corde de sable qui leur glisse entre les mains. Ils serrent de plus en plus fort. Leur peur prend tout le contrôle sur leurs pensées et leurs actes. Le totalitarisme est le symptôme de cette perte de repère, de cette dégringolade incontrôlée. Mais il n’est qu’un symptôme. Les hurlements mensongers des zététiciens, des fact checkers, de no fake med, des gouvernements, des médias, ne sont que les cris d’agonie d’une bête blessée à mort. Les râles agoniques, pour impressionnants qu’ils sont, n’ont qu’un temps.
On ne demande pas au mourant d’arrêter de souffrir, d’arrêter de crier ou pleurer. On l’accompagne. Patiemment, avec bienveillance. C’est lui qui part. Et le départ est cruel. Nous, nous resterons. Il vaut mieux cultiver l’empathie pour tous ceux qui souffrent. Renouer le dialogue chaque fois que possible. Les déferlements totalitaires n’ont qu’un temps. Forgeons ensemble un présent désirable de joie, de beauté, de partage et d’amitié. Un Autre Monde – Un Notre Monde… Je ne suis pas idéaliste. C’est simplement nécessaire. La crise est une opportunité. Elle est là pour nous éviter le pire. Je suis à l’écoute des bruits du monde et je perçois avec joie l’avènement de quelque chose de beau et d’inespéré. Reste que ça ne viendra pas tout seul. Il y a du pain sur la planche, retroussons nos manches.
Après l’effondrement, le renouveau.
Nous avons justement lancé une nouvelle émission qui regroupe de nombreux talents dans de nombreux champs narratifs peu explorés par nos médias dominants. Permaculture, non-violence, enfance et développement, philosophie, initiatives locales inspirantes, reflexions sur les institutions désirables, sur le soin, sur la science, sur le faire ensemble… Cela s’appelle Une Notre Histoire. Raconter l’histoire qu’on voudrait voir s’écrire. C’est un commun, que nous cultivons ensemble. Tes lecteurs peuvent le retrouver là.
https://www.youtube.com/channel/UCHo-pE4Vmmy44SD1Iftt1RQ
Au milieu des bourrasques qui dévastent tout, il faut attrapper les morceaux du réel qui voltigent en tous sens, les garder, les chérir et rebâtir sans relâche, sans tristesse. Ces débris sont l’héritage, le compost qui verra refleurir une société de sens et de lien. La tunique de notre peau commune se déchire. Les fils qui pendent et qui nous restent sont les premisses. C’est une chance. À nous de tisser comme un manteau de cohérence. Ensemble nous faisons une bulle de sens qui nous permet de traverser la tempête. Les tempêtes finissent toujours.
On peut rêver à loisir comme un enfant devant la tâche d’une vie entière à accomplir. Aucune fatigue, aucune rancune. Que de la joie et de la légéreté. La pesanteur qui chute et la grâce qui prend son envol. Sursaut primesautier de redécouvrir à nouveau frais notre puissance créatrice. La limite est notre capacité à rêver et à nous retrouver. Car pour construire, tout seul vous ne pouvez rien. Il faut d’abord réunir tous ceux qui veulent traverser. Et ensuite seulement, notre pouvoir de construction fécond et beau se met à l’œuvre.
C’est ce que je constate chaque jour. Toutes les bonnes volontés qui ont traversé la fumée et les larmes sont en train de se retrouver. Des collectifs s’organisent partout pour s’entraider. Des citoyens organisent des concerts, des ciné-débats, des ateliers de communication non violente, des réseaux de soins intégratifs, des écoles, de l’entraide, des collectes et des repas pour les démunis, des caisses de soutien, des marches à travers la France, des monnaies locales, translocales, cosmolocales… Les talents cherchent et trouvent leurs places. Partout des œuvres d’art se font, des projets voient le jour. Chacun à sa mesure. Quelle energie pour reconstruire ! Chacun fait sa part. Et plus seulement pour éteindre l’incendie comme le colibri de Pierre Rabbhi, mais maintenant pour semer partout des graines qui germeront sur le brulis et porteront du fruit…
Découvrez la suite lundi prochain…
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Copyright : Valérie Motté