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     Affiche "La causerie musicale"       Portrait Michel Fugain

 

Michel Fugain vient de fêter ses 50 ans de carrière. Un album hommage « Chante la vie chante » est sorti le 12 mai dernier, jour de son anniversaire. La jeune génération interprète quelques-uns de ses plus grands succès.

 

Cet artiste passionné et généreux aime la vie et la chante de manière colorée et festive. Curieux, il aime proposer à son public de nouvelles rencontres toujours uniques et différentes des précédentes. Le lundi 27 novembre prochain, il sera au Théâtre de l’Atelier à Paris pour présenter « La Causerie musicale ». Cette soirée sera ponctuée d’interventions et d’échanges interactifs avec le public mais aussi de chansons. Michel Fugain sera accompagné de trois musiciens pour illustrer cette causerie de parenthèses musicales.

 

Infos et réservations : http://www.theatre-atelier.com/la-causerie-musicale-michel-fugain-lo2130.html

 

Je suis très heureuse de partager avec vous notre échange. Il est mon invité des « Rencontres féeriques » de cette semaine. Chaque jour, vous découvrirez un extrait de son interview. Je le remercie de sa confiance et de sa gentillesse.

 
 
Pour fêter vos 50 ans de carrière, un album hommage « Chante la vie chante » est sorti le 12 mai, jour de votre anniversaire ? Qui a eu cette idée ?

En tout cas, ce n’est pas moi, je pense que c’est M6.
 
On vous entend sur deux titres de cet album interprété par la jeune génération d’artistes…

J’ai fait ce qu’ils ne savaient pas faire, par exemple le début de « Attention mesdames messieurs ». J’ai participé à « Chante » et à la « Belle histoire » mais de façon très épisodique.

 

Quand vous découvrez vos chansons interprétées par cette jeune génération, que ressentez-vous ?

C’est la rencontre qui m’a le plus intéressé. Je ne me suis pas mêlé de ce qu’ils ont fait. C’était leur truc, leur génération…
 
Vous parlez de la rencontre, c’est aussi une question de partage. Quand on regarde votre parcours musical, vous avez toujours aimé être en bande, à plusieurs sur scène, la fête et les copains.

Absolument ! Ça doit être inscrit dans mes gènes. Je suis un bosseur avec les autres. D’abord parce que j’aime les autres, ça c’est clair. Et puis parce que j’ai toujours l’impression que l’on fait un meilleur spectacle quand on est à plusieurs. Je déteste le récital, ça fait bien longtemps que je n’en fais plus. Il faut que ça vive, il faut que ça déconne sur scène. Il faut que je mette en situation les chansons en les introduisant avec une connerie, un truc tout simple, j’ai besoin de ça. Les gens n’écoutent pas les chansons de la même manière donc ils peuvent les écouter dans chaque spectacle d’une façon différente.

 

Que représente pour vous le partage ?

Je n’ai pas l’impression de partager, je vis avec. Est-ce que l’on partage la rue ? Non. On vit ensemble dans la rue. Je suis ce que je suis, prenez-moi comme je suis, moi je vous prends tel que vous êtes et puis on se donne des choses. Pour moi, je fais partie d’un peuple, d’une meute… On ne peut pas monter sur scène si on ne pense pas aux autres, c’est impossible. On travaille pour les autres, on fait pour les autres. On distrait les autres, on amuse et on émeut les autres.

 

D’ailleurs le 27 novembre prochain, vous serez sur la scène du Théâtre de l’Atelier pour un concept un peu différent, je dirais même original : la Causerie musicale.

Ça veut dire qu’on va causer. Le sujet de conversation sera la chanson au sens le plus large du terme. Quel est le rôle d’une chanson dans une société ? Quel est le rôle de l’artiste ? Je passerai forcément par un hommage aux auteurs : Pierre Delanoë, Maurice Vidalin, Claude Lemesle… Raconter comment on a fait, comment c’était possible. Ces auteurs m’ont mis des choses dans la bouche. Expliquer ce qui amène au texte, ce qui nourrit le chanteur. On va essayer d’éclaircir tout ça. Ce n’est pas sûr qu’on y arrive parce que c’est tellement flou. Chacun a une perception personnelle de la chose artistique. Et puis j’affirme que la chanson est une forme d’art, c’est un art populaire avec un P majuscule. Il est encore plus majeur que ce que disait Gainsbourg. En fait, j’aimerais que les gens sortent de cette soirée en disant qu’ils n’écouteront plus les chansons de la même manière. J’ajouterai que la poésie est l’âme d’un homme, la chanson est l’âme d’un peuple. Quand la chanson ne représente plus l’âme d’un peuple, on pourrait pratiquement dire que ce peuple n’a plus d’âme. Hors ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai. Par contre le fait qu’un peuple n’ait plus d’âme, ça peut arranger des gens. Et là, je vise bien évidemment le la société marchande qui est un truc absolument abominable qui nous est arrivé il y a longtemps mais dont les méfaits sont encore plus notoires maintenant.

 

La créativité a toujours été au cœur de votre vie. Comment la décrivez-vous ? Que représente-t-elle ?

Il y a un moment où vous vous rendez compte que vous savez faire des choses. Au début, on fait mais on ne sait pas encore ce que l’on sait et puis il y a un moment où l’on sait. On a appris des trucs au passage. Après ce n’est que de la curiosité. Tiens, je n’ai pas fait ça, je vais le faire ! Je mets au service de cette recherche ce que j’ai appris. Apprendre quoi ? Ce qui concerne le métier, la technique du métier, ce qui concerne les idées, et ce que nous sommes. On apprend aussi avec le temps à découvrir avec qui on vit, le peuple dont je parlais précédemment ; on s’apprend les uns les autres. Le maître mot de cet apprentissage est la curiosité. La Causerie, je n’ai jamais fait ça, je me retrouve comme un enfant, comme un débutant. Au seuil de cette causerie, j’ai réalisé que cela demandait une certaine discipline. Il me faut un plan d’une précision incroyable parce que je ne peux pas apprendre par cœur ce qui sera de l’interactivité. Je serai à poil. Je n’ai absolument pas peur d’être à poil car je n’ai rien à cacher. J’espère simplement qu’on aura la possibilité d’aller le plus loin possible dans l’analyse, la vérité et dans tout ce que l’on peut avoir à partager.

 

Quand vous en parlez, je vois vos yeux qui pétillent, je vois vos yeux d’enfant en fait. L’émerveillement à l’approche de cet événement… Est-ce que vous êtes à l’écoute de votre enfant intérieur ?

Je ne suis pas à l’écoute, je suis à l’entretien de l’enfant intérieur.
 
C’est-à-dire ?

D’abord je n’imagine pas qu’un artiste puisse être un adulte totalement. Cet enthousiasme, que l’on est censé garder, est en relation avec l’adolescence sinon avec l’enfance. Conserver cette part d’adolescence permet de s’insurger, de refuser, de ne pas admettre, d’être un peu rebelle que ce soit pour des choses dures ou des choses tendres. On va faire l’amour mais on ne va pas faire l’amour comme tout le monde. Mais c’est aussi la faculté d’indignation.

On a réalisé avec Claude Lemesle que l’on gagnait notre vie, depuis cinquante ans, en faisant des chansons. On a été ému car finalement c’est un truc post-ado.
 
 
Découvrez la suite demain…
 
 

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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