Thierry Beccaro est comédien, animateur de radio et de télévision.Vous pouvez le suivre tous les matins à 10h55 sur France 2 où il anime le jeu « Motus » depuis plus de vingt-cinq ans. À partir d’octobre, vous pourrez le retrouver en tournée dans toute la France pour une nouvelle pièce de théâtre « L’un n’empêche pas l’autre ».
Le 8 octobre à Le Thuit-Signol
le 9 octobre à 18h à Ozoir-la-Ferrière
le 13 octobre à Sucy-en-Brie
le 19 octobre à Casablanca
Je remercie Thierry de sa confiance et je suis heureuse de partager avec vous notre entretien, qui s’est déroulé, il y a quelques jours à l’hôtel Renaissance Paris Arc de Triomphe. Il sera mon invité des « Rencontres féeriques ». Vous découvrirez chaque jour de cette semaine une partie de son interview.
Comment canalises-tu ton énergie en tant qu’artiste ?
Je pense qu’il faut avoir bien conscience de ce que l’on fait. Il y a eu des périodes où j’avais du travail par-dessus la tête mais c’était joyeux malgré des journées bien remplies.
Tourner Motus, aller à la radio, enchaîner avec les répétitions de « l’hôtel du libre échange » ou « le fil à la patte » et ensuite aller jouer le soir au théâtre Edgar, je te promets que si tu prends tout ça dans l’ensemble, tu te dis je ne vais jamais y arriver. En revanche, si tu canalises bien et que tu te concentres sur chaque événement, tu parviens à gérer le tout. C’est de la sophrologie en fait, que j’ai pratiquée et dont il me reste pas mal de choses. « Allez concentre-toi d’abord sur Motus, c’est ici et maintenant ». Ensuite je me concentrais encore mais cette fois-ci sur la radio puis le théâtre en me disant que j’avais de la chance d’interviewer untel ou unetelle, que je jouais un rôle sympa, qu’il y avait une bonne ambiance et que même si c’était fatigant, c’était quand même génial. Et puis de toute façon, en rentrant je pourrais me reposer. Mais si je mélange tout ça si je mets tout ça en vrac, je vais m’affoler, je vais dire je ne vais jamais y arriver.
Et même les jours sur scène où ça ne va pas bien, tu découpes la pièce en morceaux. Plus tu organises ainsi dans ton esprit plus tu te libères de cette espèce de confusion.
C’est de la visualisation, une projection de la journée que tu vas avoir mais c’est aussi apprendre à lâcher prise, à respirer.
Par exemple, j’ai un rendez-vous important à venir. Ce que j’avais appris, c’était de me visualiser dans des vêtements dans lesquels je me sentais bien. Je m’imaginais me lever, mettre mes vêtements, prendre ma voiture, me garer, rentrer dans le studio : « On va t’accueillir, tu vas être bien. » Tu as programmé ton esprit et quand tu arrives réellement dans le studio, je te promets que quelque part la machine se met en route. Si le rendez-vous est reporté, la visualisation s’annule d’elle-même. C’est un exercice qui m’a toujours suivi.
La sophrologie fait donc partie de ton hygiène de vie. Pratiques-tu la méditation, le yoga ?
La méditation ce sera la prochaine étape car je n’arrive pas à m’y mettre. Si je dois me faire masser, ça ne doit pas dépasser vingt minutes, j’ai du mal à lâcher prise pour ce genre de choses.
Fais-tu du sport ?
Oui de la gym deux fois par semaine. C’est pareil, je n’y vais pas de gaieté de cœur. Mais quand je sors je dis « bravo, tu l’as fait, c’est bien.»
Ce n’est pas facile mais je suis avec le même kiné depuis 1994.
Celui chez qui tu as fait ta première expo ?
Oui. Alain Tartour, c’est bien de le mentionner, non seulement c’est un kiné mais c’est un artiste qui accueille régulièrement des peintres, des photographes.
Il me permet de garder une ligne, une forme à laquelle je tiens parce que je pense que c’est important de se respecter pour pouvoir respecter les autres.
Au niveau alimentation ? Es-tu gourmand ?
Je fais attention au bien manger. Je ne suis pas gourmand mais plutôt gourmet.
On dit que les artistes sont sensibles. Comment se manifeste cette sensibilité chez toi ?
La sensibilité, c’est quoi ? C’est une émotion intense ou c’est l’ego qui est vexé et qui en prend un coup. Je crois que je suis assez sensible. Parfois ce qu’on peut dire, ça peut faire mal, je le reconnais. La sensibilité il faut la manier ou il faut qu’elle te manie avec précaution.
Si on parle d’hypersensibilité, on évoque l’intuition, les synchronicités. Crois-tu aux signes ?
Oui je crois à ça. Les signes, il faut déjà savoir les reconnaître. Ils sont comme des copains, des amis mais un peu cachés.
Aurais-tu un ou deux exemples à nous raconter ?
J’en ai un magnifique qui concerne le théâtre. À un moment donné où j’étais pas mal en souffrance, je jouais une pièce dans laquelle je n’étais pas très heureux. J’étais en tournée et je me baladais, j’étais dans les Vosges mais cela aurait pu se passer ailleurs. Je jouais un samedi et un dimanche. Je n’étais pas bien du tout, ma sensibilité était dévorée, je n’étais pas épanoui. Je faisais mon boulot professionnellement. Le dimanche, on jouait à quinze heures, j’arrive à quatorze heures, je vais me changer dans un semblant de loge, j’aperçois un escalier, et comme j’avais du temps, je l’emprunte. Il me mène à une espèce de grenier, qui ressemble à un petit atelier. Il y a une seule chose dans la pièce : un tableau noir des enfants et je te jure qu’il y a écrit à la craie : « je joue et je m’amuse ». C’est comme un message, comme si on me parlait. Et on me disait que le théâtre c’était ça. Tu joues comme les enfants jouent, c’est incroyable.
Ce signe est arrivé à un moment où tu n’étais pas bien, c’est merveilleux.
Avant de jouer Le chapeau de paille avec France télévision, il reste encore des rôles à distribuer. Il y a plusieurs personnages. Trois jours avant l’audition, je ne sais pas celui que je vais interpréter. Je vais dans un festival, je prends le train à l’aller, et le train retour s’arrête à la gare de Nonancourt, nom également d’un des rôles de la pièce.
C’est drôle car je reçois ce message comme une annonce, je sais que le lendemain, je vais jouer ce personnage. J’arrive à l’audition, on me dit : « j’ai pensé à toi pour le rôle de Nonancourt, qui est le père de la mariée » et là je sors mon téléphone et je montre la photo que j’avais prise la veille ; c’est dans le making of car c’est vraiment étonnant. Il faut le voir pour le croire. Deepak Chopra a écrit dans l’un de ses livres : « les signes, vous les saisissez ou vous les laissez passer. » Si vous les saisissez, c’est génial car ils peuvent vous dire plein de choses.
Ces deux exemples sont incroyables, le premier m’a relancé, motivé et le deuxième m’annonçait mon rôle.
La suite demain…
Copyright : Valérie Motté