Thierry Beccaro est comédien, animateur de radio et de télévision.Vous pouvez le suivre tous les matins à 10h55 sur France 2 où il anime le jeu « Motus » depuis plus de vingt-cinq ans. À partir d’octobre, vous pourrez le retrouver en tournée dans toute la France pour une nouvelle pièce de théâtre « L’un n’empêche pas l’autre ».
Le 8 octobre à Le Thuit-Signol
le 9 octobre à 18h à Ozoir-la-Ferrière
le 13 octobre à Sucy-en-Brie
le 19 octobre à Casablanca
Je remercie Thierry de sa confiance et je suis heureuse de partager avec vous notre entretien, qui s’est déroulé, il y a quelques jours à l’hôtel Renaissance Paris Arc de Triomphe. Il sera mon invité des « Rencontres féeriques ». Vous découvrirez chaque jour de cette semaine une partie de son interview.
As-tu parfois des doutes, des peurs, comment les gères-tu ?
Je gère au mieux mais c’est difficile. Le doute peut être un poison comme il peut être quelque chose de formidable. Le doute provient de la peur, du manque de confiance mais paradoxalement ça peut être le moyen d’avancer. Michel Bouquet, dans ses cours de théâtre au Conservatoire, disait à ses comédiens : « Douter c’est s’assurer de trouver. » Tu vois le doute parfois c’est de te dire « est ce que je vais finir par trouver le personnage ? » plutôt que de te dire « Ça y est, je l’ai. » Et puis douter c’est parfois t’emmener dans des gouffres où tu ne sais plus ce que tu dois faire.
Du coup, quand ça t’arrive, que fais-tu ? De la sophrologie ? Vas-tu te balader ?
Quand ça m’arrive, je me sens bien bête car ça me pourrit. C’est chiant. Le doute ça t’aveugle. Là où tu te dis « suis ton intuition, qu’est-ce que tu ressens exactement ? » tu es rattrapé par : « mais si je ne le fais pas et si je me trompe. » Ensuite il y a les signes astrologiques qui font que si tu es une balance ce n’est pas comme si tu es taureau. Moi la balance ça penche d’un côté puis de l’autre et puis je ne sais plus.
Je me débrouille avec le doute, on essaie de s’en faire un ami. Suivre l’intuition, la première impression, qui est soi-disant toujours la bonne.
Es-tu à l’écoute de ton petit Thierry ?
Ça me rappelle le clown qui est en nous. Au théâtre on doit essayer de trouver le clown qui est en nous et ce n’est jamais facile. Etre à l’écoute, encore une fois c’est lâcher prise. Je sais qu’il y a des choses pour lesquelles je ne suis pas fait. Le petit Thierry il a du vécu si je puis dire. C’est intéressant. Il est parfois un peu timide, un peu peureux.
Est-ce que le grand Thierry le réconforte ?
Il peut avoir besoin des autres. Ce sont souvent ses proches qui l’aident à trouver le chemin. C’est dommage parce qu’il faudrait que le grand Thierry soit sûr, qu’il soit confiant par rapport à ce qu’il a fait, là où il en est. Et en même temps le grand Thierry, il est toujours en train, il n’est jamais arrivé. Mais à un moment donné, il faut arriver à se poser un petit peu. Il est important de ne pas délaisser l’enfant, de garder l’enfant qui est en nous.
Cette fraîcheur, cette innocence, cet émerveillement…
Il ne faut pas oublier de déconner, de s’amuser, de voir le soleil et de ne pas regarder que les nuages.
Il y a un mot que tu emploies souvent, c’est la bienveillance. Quelle signification a-t-il pour toi ?
Alors ça il faut avoir vécu tout ce que j’ai vécu. Il faut être passé de l’autre côté de la souffrance pour donner du bonheur aux gens. C’est d’avoir de l’empathie, c’est-à-dire être en phase avec l’autre.
Comprendre l’autre ?
Comprendre ce qu’il est et avoir des paroles réconfortantes quelques soient les circonstances. Je l’ai encore vécu là dernièrement dans Télématin avec les jeunes journalistes qui présentaient le journal. J’agis spontanément comme une espèce de coaching. Dire sincèrement un mot gentil « c’est bien ce que tu fais.» Ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est prêter de l’attention à l’autre et l’encourager.
On vit tellement dans des univers où l’on se fait très peu de compliments. Je peux te dire que les deux journalistes sont venues me voir à la fin de la semaine pour m’embrasser et me remercier. Ce qui est une démarche incroyable. Moi je ne le fais pas pour ça. Je me dis j’ai aimé l’entendre parfois et parfois je ne l’ai pas entendu. C’est juste un petit mot, un petit geste quand le chroniqueur vient de faire son lancement. On peut dire que Bienveillant, c’est veiller sur les gens d’une façon bien.
On traverse une période de grandes transformations, de nombreuses secousses bousculent le monde, comment vis-tu cette période ?
Je suis une vraie éponge là-dessus, je peux être facilement en souffrance dans tout ce que l’on vit dans la société. Je me sens pas mal agressé énergétiquement à tous les niveaux, dans la vie de tous les jours, dans la rue, dans la voiture, dans la ville, dans le pays, et après dans le monde. Toutes ces énergies négatives, tous ces attentats, tous ces incendies, toutes ces inondations, toutes ces perturbations me troublent. Tu parles de transformations mais je ne sais pas où ça va aller.
Tu restes quand même optimiste ?
J’aimerais l’être davantage. Tout ceci me rendrait assez solitaire, c’est rare que je parle de tout ça, ce sont des sujets difficiles et c’est compliqué à exprimer. Aller voir quelqu’un en lui disant je suis blessé par tout ce qui se passe, je suis blessé par les choix qu’on est obligé de faire politiquement, dans sa vie. Ce qu’on doit faire à défaut, par défaut pour qu’on essaie d’avoir au mieux pour ne pas avoir pire. Le monde est fou. Heureusement qu’il y a des artistes, des danseurs, des chanteurs, des humoristes pour faire marrer, pour apporter un peu de sourire.
Justement en parlant de sourire, dans ces moments-là, parviens-tu à profiter de l’instant présent ? Un bon déjeuner entre amis ? Une soirée en famille ? Ou es-tu plutôt du genre à vivre dans le passé ou alors à te projeter dans le futur ?
Le passé c’est comme une espèce de gros sac à dos, plus tu arrives à l’alléger plus c’est facile d’avancer. Je serai plutôt vivons le moment, vivons ce qui se passe maintenant, mettons un pied devant l’autre parce qu’on ne sait pas de quoi sera fait le futur.
La suite demain…
Copyright : Valérie Motté