Thierry Beccaro est comédien, animateur de radio et de télévision. Vous pouvez le suivre tous les matins à 10h55 sur France 2 où il anime le jeu « Motus » depuis plus de vingt-cinq ans. À partir d’octobre, vous pourrez le retrouver en tournée dans toute la France pour une nouvelle pièce de théâtre « L’un n’empêche pas l’autre ».
Le 8 octobre à Le Thuit-Signol
le 9 octobre à 18h à Ozoir-la-Ferrière
le 13 octobre à Sucy-en-Brie
le 19 octobre à Casablanca.
Je remercie Thierry de sa confiance et je suis heureuse de partager avec vous notre entretien, qui s’est déroulé, il y a quelques jours à l’hôtel Renaissance Paris Arc de Triomphe. Il sera mon invité des « Rencontres féeriques ». Vous découvrirez chaque jour de cette semaine une partie de son interview.
Bonjour Thierry, quelle est ton actualité ?
À partir du 8 octobre, je démarrerai la tournée de la pièce de théâtre « L’un n’empêche pas l’autre » en Normandie. Petit clin d’œil, je jouerai le 19 octobre à Casablanca pour mon anniversaire.
C’est une pièce d’Eric Le Roch avec Alexandra Vandernoot. Nous serons deux sur scène pour une jolie comédie sentimentale, pleine de tendresse et drôle. C’est l’histoire d’un couple qui va se retrouver confronté à une pathologie, la mienne ou celle de mon personnage, qui tout d’un coup – pour des raisons qu’on n’expliquera pas puisque ça arrive de temps en temps, c’est très rare- je vais perdre la mémoire assez régulièrement. Cela pose problème à ma femme, puisque tous les matins, je me réveille, je ne sais plus où je suis, je ne sais plus qui je suis ni qui elle est, sauf qu’à un moment donné dans la discussion je vais dire une chose qui va être un petit peu désobligeant, et elle va me mettre une claque. À ce moment-là, tout se remet en place. Je redeviens le notaire que je suis dans la vie, qui a une étude avec un partenaire, un associé. Je redeviens son mari et je ne comprends pas pourquoi elle m’a giflé. Elle va finir par s’habituer et à chaque fois que je serais dans cet état-là, état d’amnésie, une bonne claque et puis ça repart. J’ai trouvé ce slogan plutôt assez sympa je pense « ce n’est pas une pièce où les portes claquent, c’est une pièce où les claques portent ». Voilà parce que je vais en prendre cinq quand même mais justifiées à chaque fois. Cette femme qui se retrouve devant son mari qu’elle aime, qui l’aime, est désemparée et donc elle a trouvé ce truc. Ce sera l’un des moteurs de la pièce. À l’intérieur de ça, c’est vrai qu’on va rentrer dans la vie de tous les jours, ce qui va concerner tous les couples. Quand cet homme perd la mémoire, il va dire des choses et quand il redevient lui même il va demander à sa femme : « est-ce que j’ai dit des choses particulières quand j’étais l’autre ? » elle lui dit « non, parce que qu’est-ce que tu devrais dire qu’il ne faudrait pas dire ? » C’est une pièce sur les non-dits dans un couple où chacun a ses petits secrets. À un moment donné, tu es bien obligé de révéler les choses parce que si tu poses tout le temps la même question « mais quand j’étais amnésique, j’ai dit des choses particulières ? » « ça fait trois fois que tu demandes la même chose à chaque fois. » C’est une jolie pièce qui va nous permettre à Alexandra et à moi-même de jouer dans un registre auquel on n’est pas habitué. Et ça j’en suis très heureux et c’est grâce à Eric Le Roch qui fait la mise en scène, qui a écrit un joli texte assez fin et plein de tendresse et de rebondissements. Les couples qui seront dans la salle vont se retrouver et vont se dire : « Tiens ben voilà on a tous un petit jardin secret plus ou moins bien cultivé ou en friche. »
Est-ce que ce n’est pas de la pudeur aussi ?
Oui, il y a de la pudeur et il y a beaucoup d’amour, c’est ce que j’aime dans cette pièce. Ce qui se passe, ce qui arrive est complètement déstabilisant. Il faudra faire avec, d’où le titre. Il faudra faire comme ci et comme ça pour faire avec ce mec quand il est en pleine forme et puis vivre avec lui quand il est absent. L’un n’empêchera pas l’autre.
On vous verra à Paris ?
En 2018 parce qu’on part en tournée d’octobre à mai pour une cinquantaine de dates ; le tout à organiser avec la télé et la famille.
La radio ?
Pour l’instant, j’ai écrit mon projet, je l’ai envoyé. J’attends la réponse. Ça sera vraiment du bonus.
Et pour toi que représente la créativité ?
J’ai envie de te dire, c’est la liberté. C’est-à-dire autant tout ce que l’on fait, la télévision, le théâtre, ce sont des choses bien établies. Tu vois, ce sont des modules dans lesquels tu dois t’inscrire. Tu répètes – ça ne t’empêche pas de créer quand tu répètes un personnage – mais enfin tu dois appliquer une certaine technique.
C’est cadré ?
Même si on a toujours tendance à décrier, je pense qu’il faut une certaine technique pour être libre de jouer correctement avec la mise en scène, avec le décor… En télé c’est pareil. On est dans une espèce de rectangle comme ça. Evidemment, on peut avoir de la fantaisie mais si, à côté de ça, on peut écrire, on peut peindre, on peut regarder autour de soi ; c’est pas mal, créer c’est ça. La créativité, c’est peut-être avoir l’œil, les yeux ouverts sur l’extérieur et puis laisser ses émotions s’exprimer tant qu’on peut le faire.
Chez toi, elle se manifeste comment ?
Si on parle d’émotion, elle a du mal à se manifester parce que je pense qu’on ne doit pas bien me connaître tel que je suis dans la réalité. Et si on me découvre, c’est ce qui s’est passé quand j’ai exposé mes peintures, on a été un peu surpris, parce que c’est vrai on revient au mot pudeur, je suis assez discret. Et là, ce sont les pinceaux, les couleurs qui m’ont pris par la main et qui m’ont permis de jeter des émotions que je pouvais avoir sur la toile.
Et le déclic est très mignon ?
Oui c’est pour cela que le mot créativité, ça se décrit. Tu ne le décrètes pas. Tu es créatif tout au long de ta vie mais tu ne décides pas de l’être un jour ou l’autre. Une fois, j’ai terminé le dessin de ma fille qui avait cinq ans. Elle avait commencé à gribouiller un truc et puis il y avait un peu de peinture qui traînait, j’ai terminé le dessin, comme ça et puis j’ai trouvé vachement sympa, je trouvais ça très agréable. Et je me suis posé la question : « c’est moi qui ai fait ça ? » comme on peut se la poser quand on joue un rôle, quand on interprète un personnage qui nous ressemble pas du tout, parce que l’on s’est laissé emporter. On n’était plus en contrôle. Ben oui j’ai eu une petite voix qui m’a dit : « c’est toi qui as fait ça ». Comme quoi si tu te laisses aller et si tu fais confiance… « Alors là en peinture, t’as pas la technique mais les couleurs vont t’aider, elles vont te parler, elles vont t’emmener sur ce chemin là » et puis c’est là que ça devient intéressant. Mais jamais je me suis décrété, je me suis dit que j’étais créatif à ce moment-là. Au bout de cinq toiles, six toiles, sept toiles, dix toiles… J’ai quand même fait pas mal de choses.
La suite demain…
Copyright : Valérie Motté