Les « Rencontres lumineuses » de décembre sont consacrées à la Magie. Les sorcières et les fées illustrent bien ce charme de la vie. Chaque lundi, vous découvrirez une interview d’une femme qui a une âme inspirée par ces êtres rayonnants. Elle vous partagera son point de vue, sa philosophie…

 

Cette semaine, je reçois Florence Lottin directrice éditoriale des éditions Pygmalion. C’est l’une de mes éditrices mais c’est avant tout une amie fidèle et bienveillante. Je la remercie d’avoir accueilli mon monde féerique et d’avoir accepté mon invitation.

 

Pour découvrir son univers :

https://www.editions-pygmalion.fr/

 

 

Bonjour Florence, que représente pour toi la Magie ?

Pour beaucoup, la magie est un phénomène mystérieux et inexplicable. Pour moi, elle est presque tangible car elle est partout et dans tout. Elle est dans ce qui nous entoure, elle est ce qui nous compose, puisqu’elle est dans les particules qui constituent toute chose. Qui n’a jamais ressenti de « bonnes » ou « mauvaises » ondes par exemple ? Une chaleur en effleurant un objet ? C’est cela la magie.

Y être attentif permet tout d’abord d’accompagner notre quotidien – se mettre dans les bonnes conditions pour atteindre ses objectifs, être de bonne humeur, calmer son stress avant une journée importante, etc. –, mais surtout, cela nous encourage à être en harmonie avec nous-même et avec les autres. La personne qui cherche la magie est souvent à l’écoute de la faune, de la flore, de la terre, des autres, ainsi que d’elle-même. Apprendre à se connaître, à être aligné, à être soi.

Nous faisons tous partie de la magie.

 

Qui sont, à tes yeux, les fées et les sorcières ?

Chacun de nous peut avoir sa propre vision des fées et des sorcières.

À la fois si proches et si différentes, l’affinité que nous éprouvons – ou non – pour l’une ou l’autre est, il me semble, déterminée par notre sensibilité. Les définitions anciennes que nous trouvons sont souvent un héritage manichéen de notre société : les fées seraient des êtres charmants et pleins d’esprit tandis que les sorcières seraient, pour simplifier, leur opposé. Représentations qui trouvent naissance dans la littérature, particulièrement les contes de fées. Constatons simplement que l’appellation de ce genre de contes met en exergue l’opposition traditionnelle dans laquelle nous plaçons les fées et les sorcières alors que les légendes sont bien plus complexes. Prenons l’exemple de la mythologie celte : les fées ont également une part d’ombres. Divisé en deux cours, celle de la Lumière et celle de l’Ombre, le Petit Peuple agirait fréquemment de façon malveillante, quelle que soit son appartenance. Personnellement, je crois que ces mythes qui présentent les fées comme des êtres plus proches de l’humain (puisqu’elles ne seraient pas parfaites ou uniquement bienveillantes) intriguent et parlent plus volontiers à celles qui se reconnaissent dans la figure de la sorcière, plus attirées par le mysticisme. Mais nous pourrions tout à fait mettre également la littérature arthurienne en avant pour démontrer que les fées, de la même façon que leurs prétendues ennemies, ont eu au cours des siècles des représentations très différentes.

Les sorcières, quant à elles, régulièrement présentées négativement, sont loin de la méchante reine de Blanche Neige et leur magie aussi variée qu’il existe de personne pratiquante. Taous Merakchi le dit avec justesse dans son Witch, please ! : « Les sorcières sont multiples et diverses, que ce soit dans leur identité de genre, leur orientation sexuelle, leur couleur de peau, leur origine, leur religion, leur culture. Il y en a partout et tout le monde peut l’être. »

Oui, tout le monde, homme comme femme. Et chacun peut choisir sa voie, selon la façon dont il souhaite exprimer et user de son pouvoir. Celle qui nous parle le plus est donc la plus efficace pour soi. Certains s’orienteront vers des magies « chartées » telle que la Wicca ou des magies plus « libres », sans appellation ; ou encore choisiront une divinité particulière à prier, une activité favorite comme la cartomancie, etc.

 

Quels sont leurs points communs ? Leurs différences ?

S’il existe une différence entre fées et sorcières, peut-être se situe-t-elle sur le fait qu’être fée me paraît être un état, tandis qu’être sorcière est une pratique, qui touche bien sûr au spirituel également mais qui relève d’un aspect plus « humain » si je puis dire. Les deux peuvent pratiquer la méditation par exemple et être proche de la nature – particulièrement les sorcières vertes –, mais ces dernières parleront de la possibilité de travailler avec l’Autre Peuple sans s’y inclure.

Peut-être est-ce cela pour moi, la grande différence entre ces deux figures marquantes : l’une me paraît en dehors de notre monde, tandis que nous pouvons tous être des sorcières.

Malgré les différences exposées, il y a énormément de points communs à nos « magiciennes ». Qu’il s’agisse d’outils, de philosophie de vie ou de mode de pensée, elles se ressemblent bien plus qu’on ne le croit.

Les deux utilisent volontiers les pierres et minéraux (et nous les purifions tous de la même façon) ; les rituels demandent une concentration et une pratique qui peut être comparée à la méditation ; les fées comme les sorcières pratiquent pour un objectif précis et se focalisent sur une intention ; elles usent de bougies toutes deux car la lumière est un élément essentiel ; etc.

 

De qui te sens-tu proche, les sorcières ?

Les sorcières, cela semble limpide ☺

 

Pourquoi ?

Comme je le disais, les fées ont toujours été pour moi les êtres d’un peuple à part, auquel je n’appartiens pas, tandis que la sorcellerie est une pratique « englobante », tous ceux qui le souhaitent peuvent s’engager dans cette voie. Cette ouverture d’esprit m’a attirée immédiatement.

 

Quels messages véhiculent-elles ?

Les sorcières acceptent et accueillent les différences, sans jugement. Elles sont capables de s’émerveiller de tout à chaque instant. Sans être parfaites évidemment. Elles pardonnent aussi, tout comme elles comprennent la colère. C’est une magnifique façon de célébrer l’humanité.

 

Tu es directrice éditoriale des éditions Pygmalion, tu as publié des ouvrages féeriques mais aussi liés à la sorcellerie ? Comment s’est fait ce choix ?

Les ouvrages ésotériques et spirituels sont nombreux au catalogue Pygmalion, c’est dans son ADN. Je suis donc attentive aux différentes parutions étrangères dans ce domaine tout comme j’étudie chaque projet français qui nous est soumis.

Si je suis personnellement plus en phase avec la figure de la sorcière, il est important qu’un éditeur n’offre pas uniquement des titres reflétant ses goûts, mais ouvre au contraire son catalogue pour balayer l’ensemble d’un sujet. Les sorcières ayant toujours une connotation un peu sombre, il me semble évident que certaines personnes ne peuvent pas s’y identifier. C’est pour cela que j’ai été séduite par les projets féeriques qui peuvent parler à ceux et celles qui n’adhèrent pas à la sorcière.

 

Peux-tu nous en présenter quelques-uns ?

Si la sorcellerie vous tente, le meilleur ouvrage présentant les bases avec un ton résolument moderne est le Witch, please ! de Jack Parker. Illustré par Diglee, vous y trouverez tout : la définition de la sorcellerie, des conseils pour bien se lancer, les tables de correspondance essentielles pour pratiquer, un panorama des différents modes de divination, des sorts et potions, etc. Un condensé de magie pour bien démarrer.

Mais si vous souhaitez un ouvrage plus intime sur le cheminement d’une sorcière, je vous recommande Initiée d’Amanda Yates Garcia. Sorcière, guérisseuse et médium américaine, connue sous le nom d’Oracle de Los Angeles, Amanda promeut l’unité avec la nature pour sauver le monde. Initiée par sa mère lorsqu’elle avait treize ans, elle n’est réellement devenue sorcière qu’au moment où elle l’a décidé. Après une enfance obscurcie par le commerce du sexe, elle décrit dans cet ouvrage son cheminement pour se réapproprier son corps, exploiter son pouvoir et créer le monde auquel elle aspire. Parsemé de mythologie, d’histoires de déesses et de magiciennes de tout temps, ce texte est une ode au nouveau féminisme qu’est la sorcellerie.

Pour tous ceux et celles qui ne se reconnaissent pas dans cette pratique, il suffit de jeter son dévolu sur le Grimoire féerique de Valérie Motté. Illustré par Cathy Delanssay, il s’agit là encore d’un ouvrage magnifique et complet avec une rapide histoire des fées et leurs légendes, des chapitres clés permettant d’apprendre ce que signifie être une fée incarnée aujourd’hui, comment se reconnecter à la terre, pardonner, se protéger, s’émerveiller, etc., avec des exercices pratiques pour chaque thématique ; et une grande partie dédiée à l’astrologie des fées et des elfes.

Dans les deux beaux livres dont je viens de parler – Witch, please et Grimoire féerique –, les pierres et minéraux étaient souvent mentionnés. Pour aller plus loin sur ce sujet précis – et cela conviendra à toutes les magiciennes –, nous venons de sortir Le Secret des pierres de Valérie Motté également. Richement illustré, il offre toutes les clés pour utiliser les pierres au cours de sa pratique (de la méditation à la sorcellerie). Idéal pour un débutant : comment choisir ses pierres, comment les purifier, les correspondances, leurs symboliques… et une présentation d’un grand nombre de pierres en fonction de son intention, fiche accompagnée d’un mantra.

 

Quels sont livres qui t’ont initiée à la magie ? à la sorcellerie ? Qu’est-ce qui t’a plu la première fois que tu as découvert cet univers ?

J’ai lu énormément de livres sur la question mais celui qui m’a le plus marquée et apporté ce que je cherchais est incontestablement La Magie blanche d’Éric Pier Sperandio. Tous ses ouvrages en fait.

Mais pour être honnête, je dois avouer que ce n’est pas tant dans les livres que j’ai découvert cet univers. Vive les années 1990, l’âge d’or des séries et des films traitant de sorcellerie. Ce sont eux qui m’ont donné envie de creuser et de comprendre la véritable pratique. Et l’un d’eux utilise de vrais rituels : il s’agit de The Craft (Dangereuse alliance en français), le premier évidemment. Je le recommande encore ☺ Ce film parle d’un groupe de filles un peu outsider qui deviennent fortes en étant ensemble. Je ne pouvais qu’être séduite.

 

Aurais-tu un message à transmettre en cette période si particulière et à l’approche des fêtes de fin d’année ?

Prenez soin de vous et passez de merveilleuses fêtes de fin d’année.

 

Aurais-tu une recette magique à partager avec nous ?

Nous ne pratiquons pas tous de la même façon, donc ma petite formule ne parlera pas forcément à tout le monde. Personnellement, pour bien démarrer la journée, je remercie toujours la déesse pour tout ce qu’elle nous offre, sobrement, dans ma tête, pas besoin d’accessoire, en me concentrant quelques instants. Selon les jours, j’ajoute une petite demande – qu’elle veille sur moi, qu’elle protège ceux que j’aime, etc. –, mais j’essaie d’avoir des journées sans requête, uniquement de la gratitude.

 

Si je te prêtais ma baguette de fée, à quoi te servirait-elle ?

À apaiser le monde actuel.

 

 

         

          

 

 

Découvrez un nouvel article lié à la Magie lundi prochain…

 

 

 

 

Valérie Motté

"AVEC NOS PENSÉES NOUS CRÉONS LE MONDE" BOUDDHA

Copyright : Valérie Motté

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