Peux-tu nous présenter ton ouvrage ?
C’est un roman très autobiographique mais j’y ai mis la distance nécessaire pour ne pas coller à une réalité trop accablante.
Ma vie n’ a pas été un long fleuve tranquille et j’ai choisi de raconter mon histoire à l’aune de mes 60 ans parce que plutôt que de sombrer dans un désespoir stérile, j’ai pris le parti d’en faire une confession à ciel ouvert où je ne me donne pas forcément le beau rôle. Je passe au crible ces 60 dernières années et c’est le cliché d’une France qui n’existe plus. Journaliste, je mets en partage mon expérience dans le monde du showbiz et où les amitiés sont aussi sincères que les promesses que l’on fait à un mourant. Je me balade dans le temps au travers des thématiques de mon existence, du temps d’aimer au temps des pleurs en passant par le temps des paillettes, ce sont 60 ans d’histoire contemporaine en écho avec mon parcours personnel.
C’est une ode à ceux qui ne sont plus là et sans lesquels, je ne serai pas celle que je suis. « Le jour se lève » n’est qu’un tissu de vérités, les miennes et un bilan sur le temps qui passe confronté au temps qui reste.
Comment est-il né ?
C’est la mort de mon mari qui en a été le déclencheur et j’éprouvais le besoin de le faire revivre à travers mes mots et mes souvenirs et lui dire publiquement merci de m’avoir choisie comme son amour ultime.
J’évoque mes malheurs, toutes ces successions de deuils à faire ; orpheline de père puis de mère et de bien d’autres, mais je parle surtout de ma résistance, de mon assignation à résilience et de ma détermination à continuer quoi qu’il m’en coûte ce chemin de vie semé d’embûches. J’ai eu la chance de connaitre le grand amour et je pense avoir su rendre hommage à mon cher et tendre compagnon et les pages qui lui sont dédiées tout au long du livre coulent comme une rivière ou plutôt une mer d’huile dans laquelle il fait bon s’y baigner. Notre rencontre aux antipodes, en Australie a fait de nous les héros d’une comédie romantique. Et nous n’avons jamais failli à notre mission de s’aimer chaque jour davantage. Sa perte constitue un tsunami et seul son souvenir me maintient debout.
Est-ce que l’écriture est un exutoire, une forme de thérapie ?
C’est un exutoire , oui parce que j’aime les mots et ils m’aiment d’après ce que me disent des âmes indulgentes. Je joue avec les mots pour les rendre plus audibles et plus percutants. L’ écriture n’est pas un médicament, c’est inscrit dans mon ADN et c’est un trait de ma personnalité. Pour la thérapie, il y a des professionnels dédiés à ça. J’ai adoré ressusciter ceux qui ne sont plus là, pouvoir abolir les contraintes du monde réel et pouvoir dialoguer avec mes défunts qui me font cruellement défaut. L’écriture, c’est un voyage sans contrainte dans l’espace et le temps. C’est la liberté absolue et loin des principes de réalité.
Qu’as-tu ressenti après publication ?
Un grand vertige, l’impression que ce livre ne m’appartenait plus. Je me suis mise à nu et du coup mon intime a franchi le Rubicon, il est sorti de son écrin pour être offert au plus grand nombre. J’adore écouter ceux qui m’ont lue et m’ont comprise, ils n’imaginaient pas ce par quoi j’étais passée, ceux qui me connaissent m’apprécient davantage et ceux qui me découvrent se sont retrouvés dans mon récit. Evidemment, certains membres de ma famille n’ont pas forcément aimé être jetés dans la fosse publique et la mémoire est à géométrie variable… Nous ne portons pas le même regard sur les évènements que je relate. On ne peut pas plaire à tout le monde et encore moins à sa tribu, c’est bien connu.
Quel message souhaiterais-tu faire passer avec cet écrit ?
Un message personnel mais qui touche à l’universel. J’ai osé donner ma vie en pâture parce que toute vie mérite d’être racontée et au travers de l’écriture mais pas que. C’est un livre sur la tolérance. J’ai choisi la liberté au détriment de la sécurité, les deux ne font pas bon ménage. Je me suis trompée souvent mais j’ai aimé ça, c’est mon côté Alfred de Musset.
As-tu déjà d’autres projets d’écriture ?
Oui peut-être l’adaptation de mon livre en film, il s’appellerait les amants de Passy… Et puis un autre roman, la suite ou plutôt le prolongement de celui-là, quelques maux d’amour en est le titre de travail.
Et pour conclure, si je te prêtais ma baguette de fée, à quoi te servirait-elle ?
J’adorais la série ma sorcière bien aimée, Samantha qui remuait le bout de son nez et obtenait tout ce qu’elle voulait. Je vais faire une réponse très passéiste, pouvoir actionner la touche rewind dans la vraie vie et retrouver mon chéri le jour de notre rencontre, le 2 Août 1999.
Un petit extrait du chapitre « Le temps d’aimer »…
Copyright : Valérie Motté